Après un I Disagree franchement maladroit dans son hybridation de Pop et de Metal, la réaction logique face à ce nouvel EP produit pour être la bande-son de la WWE NXT serait de s’en tenir très éloigné. Ce serait une erreur magistrale. De façon assez surprenante, le nouveau projet de Poppy démontre ainsi que l’artiste a atteint depuis une nouvelle maturité musicale. L’EP révèle ainsi un son Metalcore/Alternative Metal bien plus réussi et inspiré que les mélanges hasardeux de sonorités et structures de I Disagree.
La première chose qui frappe à l’écoute de EAT, c’est à quel point Poppy semble désormais plus à l’aise avec le fait de faire des morceaux frontalement Metal. Cette confiance se ressent avec des morceaux qui assument complètement leurs influences Metalcore. Le nouveau son de Poppy ressemble désormais plus à du Converge (certes distordu et plus Pop) qu’à du Grimes métallisé, bien loin encore une fois d’un I Disagree. C’est tout particulièrement vrai pour EAT, Say Cheese et CUE, qui, tiens quel hasard, sont les meilleurs morceaux de l’EP d’un point de vue musical. Tandis que CUE est un hymne politique (au message un peu fainéant, il faut l’admettre) hyper accrocheur malgré son agression, EAT et Say Cheese sont deux morceaux Metalcore déchaînés uniques. Le premier est un morceau bouillonnant de rage et de désespoir, très bien écrit et intelligent sur l’anorexie passée de la chanteuse. Le second, tout aussi énervé est un morceau absolument fou, un peu inaccessible aux premières écoutes, mais se révélant plus tard comme une chanson hyper dense et intelligente, répondant brillamment à sa popularité croissante et son image originelle de Popstar internet. C’est également un morceau qui réussit à condenser des influences Grindcore, Mathcore et même Jazz Fusion de façon presque toujours cohérente et organique.
Là où l’EP brille un peu moins, c’est dans ses deux derniers morceaux. S’ils restent définitivement 2 morceaux Alternative Metal très efficaces et accrocheurs, ils tiennent moins bien les réécoutes que le début de l’EP et sont bien plus classiques. Le 4ème morceau Breeders rattrape un peu cela par ses paroles anti-natalistes certes un peu edgy par moment, mais plus intelligentes et fines qu’elles ne pourraient le paraître au premier abord. La dernière piste, quant à elle, est sans aucun doute la plus faible de cet EP : si elle reste un morceau très efficace et fun, elle ne possède pas d’originalité majeure et ses paroles souffrent du même défaut que CUE. Enfin, de façon plus générale, l'EP souffre par moments de transitions un peu étranges, légèrement décousues : je pense au build-up un peu hors-sujet à la fin de EAT, ou au passage Jazz un peu trop long sur Say Cheese. Définitivement rien qui ne gâcherait ces très bons morceaux, mais des problèmes tout de même présents. Et quand même un regret final : que Poppy n’ai pas (encore en tout cas) sorti un album entier avec des morceaux dans cette veine.
EAT (NXT Soundtrack) est peut-être le meilleur projet de Poppy à ce jour. Elle y livre un Metalcore fou, hyper-dense, hyper connecté, aux influences très variées et qui s’assume complètement. Ses thèmes lyriques sont pour la plupart originaux et très bien traités, et nul doute que cet EP, même s’il est imparfait, ravira ses fans mais aussi ceux qui auraient pu être jusque là perplexes face à sa musique.