Une petite perle qui, j'en ai peur, restera tres confidentielle
Cet album est une pure tuerie.
L'ambition, ou la motivation, à l'origine du projet azad lab (qui est très large, avec notamment une web série que vous pouvez regarder avec les oreilles tellement la musique est bonne, et que vous trouverez sur leur site) est, si j'en crois une interview que j'ai trouvé, de produire de la nouveauté par le métissage des genres musicaux. "Exploration hip-hop".
Je pense qu'ils ont tout compris à la modernité. Oh, ce projet de marier les genre n'est pas nouveau, et il existe des albums entiers à la jonction de toute paire de genres. Mais ici, les genres abordés sont si nombreux, et le sont avec un tel brio, qu'on ne peut que s'incliner.
Ebullition, leur deuxième EP après enter the laboratory (que je ne me suis pas encore procuré) est une illustration parfaite de ce principe.
Il s'ouvre sur éléphant step, et le ton est tout de suite donné: après une courte intro batterie et synthé, les langues (français et anglais) s'entremêlent, les voix (un homme et une femme, du rap et du chant) se répondent, et, sur un thème de saxophone énergique, viennent se greffer une flopée d'instrument, notamment une basse volontiers placée sur les contretemps et un piano. Le texte est parfois difficilement compréhensible, c'est mon seul bémol à Azad Lab, mais le thème semble intéressant, et le jeu sur les sonorités de l'anglais et du français est particulièrement judicieux, avec bien souvent des phrases du MC qui changent de langue en cours de route. Les parties de la chanteuse soutenues par la section cuivre sont de petits orgasmes.
S'ensuit une accalmie avec correspondance (assez uptempo tout de même), qui démarre sur des mélodies arabes très jolies, sur lesquelles le groupe se met en marche comme un wagon. Le texte est cette fois bien plus facile à comprendre. Ici, ce sont surtout les pêches des cuivres que je trouve légèrement moins bien senties que sur d'autres chansons.
Vient ensuite sélénites, à mon sens le sommet de cet album. Ici, la prod est très rêveuse, très évocatrice, et qui fonctionne particulièrement bien sur ce texte, cette fois entièrement en français. Navigant entre hip-hop et de petites touches d'électro, le groupe nous sert son refrain le plus entêtant, qu'il est bien difficile d'oublier. Tout est judicieux dans ce morceau, on ne peut pas trop l'écouter. Du refrain aux couplets en passant par les solos: piano puis guitare, puis cuivres qui débouche après un très bon build-up sur un refrain final jouissif. J'ai du mal à trouver mes superlatifs, mais c'est tout ce que j'aime dans la musique.
Puis vient the 4th time. On s'attend presque à une pause après cette petite claque que constitue sélénites, mais le tempo est toujours aussi emporté, et le groupe jette toutes ses forces dans la bataille dès le début. Ici, l'anglais domine plutôt, et l'instrumental se fait plus directe, à l'exception d'incroyables touches de synthé.
L'EP se clôt avec brain drain, où la dubstep et le dub alterne dans un morceau tout à fait étonnant, et qui tranche vraiment avec le reste de l'album. La transition est particulièrement léchée, qui nous amène jusqu'à cet thème, le plus mélancolique de l'EP, sur lequel le rap, partagé par la chanteuse, sonne plus que jamais comme un cri de désespoir. Sur lequel revient cette déstructurée et puissante dubstep.
On quitte cet album avec le sentiment qu'on en veut plus. Vivement le prochain.
Un dernier mot général sur le groupe: il n'arrête pas de changer de membres, ce qui prouve que le projet artistique est fort pour qu'il ne se perde pas en chemin.
Ah, et en live, ils sont juste incroyables. Le travail qu'ils fournissent est simplement incroyable pour arriver à un tel niveau. Ils nous veulent du bien, beaucoup de bien!
Mais s'il vous plait, les Azad Lab, mettez vos lyrics sur votre site ou dans la pochette de votre album! Je suis frustré par éléphant step par exemple!
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 15 mai 2015
Critique lue 81 fois
1 j'aime