Le binôme Mike Zarin et Tony Hajjar (At The Drive in) avait vu juste. Bidouillant dans leur studio de Sencit Music pour l’élaboration de musiques de films, jeux vidéos et autres bandes annonces promotionnelles, ils sont certains de détenir quelques paysages sonores méritant certainement un vrai groupe pour leur donner une âme. Pour l’ossature rock, ils font appel au multi-instrumentiste Troy Van Leuween officiant régulièrement pour l’univers QOTSA depuis 2002. Ne manquait plus qu’une voix pour compléter le groupe. Un coup de fil à un autre Troy (Sanders de Mastodon) et le groupe GONE IS GONE est réalité. Voilà pour les forces en présence.
Et il faut dire que cette dream team est loin d’être une simple addition de talents individuels, tant leurs débuts sont prometteurs. Bien sûr, il est difficile de ne pas penser à QOTSA sur certains titres (“Gift” ou le début de “Slow Awakening”) et il est impossible de ne pas se remémorer les meilleures parties de chant de Mastodon avec le timbre si particulier de leur conteur/bassiste.
L’EP sorti en juillet les avait plutôt classés dans la catégorie “OVNI musical”. On pouvait donc légitimement s’attendre à une surprise avec ce premier album, et même si on ne peut rester insensible devant la puissance mélodique des premiers titres, lesdits paysages sonores restent très inspirés par une scène indus ou prog.
Le groupe cherche à bâtir son identité propre en expérimentant des idées divergeant de leurs écuries respectives, et c’est là que tout le talent des membres du groupe s’exprime. La grande force de GONE IS GONE est de tricoter leurs titres autour d’un détail anodin au départ – un son particulier, un riff inoffensif, qui grandit et devient très vite primordial et entêtant.
D’autres idées non moins convaincantes viennent enrichir l’album, comme cette méconnaissable reprise de “Roads” de Portishead où seules les paroles de Beth Gibbons rendent identifiable la chanson originale. Fan de Portishead, j’en apprécie les arrangements, pour favoriser la ré-interprétation plutôt que l’imitation. L’expérimentation prend des airs de cours musical avec les deux titres suivants que sont “Slow Awakening” et “Fast Awakening” puisqu’il s’agit de la même chanson mais jouée à des rythmes différents. La preuve qu’outre les arrangements et tapisseries sonores, la vitesse peut également changer la tonalité d’une chanson.
Je m’attendais également à une livraison plus nerveuse au regard des quelques titres servis sur l’EP… Au contraire, la production est minutieuse et délicate ; précisément pour que l’on en apprécie toute la richesse, et les subtilités esquissant les titres de ce premier essai. Le dernier titre “Echolocation” – complexe par la somme de ses détails mais d’une déconcertante limpidité – laisse présager le meilleur pour ce groupe qui ne peut se résumer à une simple parenthèse dans les agendas surchargés de ses membres. Laissez aux vestiaires vos présomptions sur le CV du groupe, et appréciez GONE IS GONE.
Retrouvez la critique complète sur le site The Heavy Chronicles:
http://theheavychronicles.com/2017/01/gone-is-gone-echolocation/