Eels avec une formation à cordes ? de celles auxquelles on se pend, si on se rappelle des textes sans espoir de l'Américain. L'humeur est pourtant parfois badine sur la scène du Town Hall new-yorkais ? on n'a pas tous les jours la chance d'entendre des musiciennes classiques interpréter une chanson qui s'appelle He s a Mothefucker. L'anticonformisme étant devenu un conformisme pour l'impatient et instable E, leader du groupe, c'est donc aux antipodes du récent (et excellent) double album Blinking Lights & Other Revelations ? à la pop grinçante et oblique ? qu'on le retrouve ici, pour un concert d'une unité sonique stupéfiante chez cet éternel casseur de jouets. Accompagné d'un quatuor à cordes qu'on jurerait souvent dirigé par Danny Elfman et de deux instrumentistes vagabonds (de l'orgue d'église à la scie musicale), souvent sans batterie et sans électricité revêche, E n'a jamais semblé aussi apaisé qu'ici, se permettant même des reprises à hauts risques (Dylan ou surtout Left Banke, pour une version trop fidèle de Pretty Ballerina). Mais la grande force de cet album reste l'unification, enfin, d'un catalogue de chansons trop souvent séparées à la naissance par des traitements soniques antinomiques, nivelés par le haut sur ce véritable best-of unplugged'. Aucune joliesse, aucune facilité, pourtant, dans ces interprétations qui, plutôt que de se lover dans le confort des violons, jouent l'affrontement entre une voix de plus en plus éraflée (on pense à Tom Waits, son premier fan), des textes toujours aussi cabossés et ces crachins de cordes, ces prodiges d'arrangements. Le problème des rêves, chante-t-il, c'est qu'ils ne se réalisent jamais.? On avait pourtant rêvé de ce concert.(Inrocks)


Curieux parcours que celui d'Eels, groupe du génial Marc Everett alias E, qui après être passé du statut de jeune groupe pop prometteur avec un premier album, "Beautiful Freak", fin 1996 - E déclarant même à l'époque ne pas vouloir copier les Beatles mais faire comme les Beatles à savoir, pomper tous les groupes de l'époque - est devenu plus que tourmenté dès la sortie du très noir "Electro-Shock Blues" deuxième opus du groupe, enregistré après le décès de proches du chanteur. E se risque aujourd'hui à sortir un live accompagné par un quatuor à cordes, exercice délicat où tant d'autres auparavant se sont noyés sous les nappes de ces nobles instruments. Mais ce dernier s'en sort ici royalement en ne retenant que l'essentiel. L'accompagnement de la formation classique se révèle plus que discret : piano, guitare plus une batterie minimaliste qui s'invite quelque fois à la fête. Si la plupart des titres de "Blinking Lights and Other Revelations" ressemblent beaucoup à leurs versions studio, la plupart des autres chansons prennent une tout autre dimension. Les titres de "Beautiful Freak" sont totalement remaniés et sonnent comme des classiques tout en retrouvant une certaine fraîcheur (malgré la version quelque peu ratée de "Novocaine for the Soul").Le live offre également de magnifiques adaptations de morceaux des autres albums : les joyeux "Dirty Girl" et "If you See Natalie" et des titres bouleversants capables de vous donner quelques frissons : "Bus Stop Boxer", sur lequel le chant d'E s'exprime de la plus belle manière, en est l'exemple le plus marquant. En effet, cette voix frappe beaucoup. De plus en plus rocailleuse d'année en année, elle s'allie à merveille avec les violons tranchants qui l'accompagnent. E ose même s'attaquer à trois reprises ("Girl from the North Country" de Bob Dylan, "Pretty Ballerina" de Left Banke et "Poor Side of Town" de Johnny Rivers) plus ou moins réussies, seuls petits bémols de cet album, mais qui ont au moins le mérite de nous prouver que la force de Mark "E" Everett réside en son songwriting. Pour continuer dans les reproches, précisons que le fan qui désirera posséder l'intégralité du concert donné au Town Hall sera obligé d'acquérir et le CD et le DVD, certains titres du CD ne figurant pas sur le DVD et vice versa. Etrange opération marketing. Mais oublions ces détails et attardons-nous uniquement sur ce formidable album live - fait assez rare pour être souligné - venant couronner une carrière sans faute.(Popnews)
Si les lives acoustiques font assez facilement recette, les expériences philharmoniques rallient rarement un public unanime et suscitent toujours un certain scepticisme. Ce « Live at Town Hall » ne faillit pas à la règle malgré le talent et les capacités de son géniteur.Toujours là où on ne l'attend pas, Eels a décidé d'abandonner ses synthés, guitares électriques et tutti quanti pour tenter l'expérience à cordes. Enregistré en 2005 à New York avec un backing band de sept musiciens, ce concert brosse toute la discographie du groupe, du culte Novocaine for the soul au plus récent I'm going to stop pretending that i didn't break your heart , agrémentée de deux reprises (Girl from the north country de Dylan et Poor Side of town de Johnny Rivers). L'ambiance confinée de la salle et la voix d’Everett (plus râpeuse que jamais) se marient parfaitement bien pour offrir à cet album l'intimisme de rigueur et une sensibilité charnelle. Même si certains titres supportent bien les arrangements à cordes en conservant leurs rythmiques pop (Trouble with dreams, Pretty ballerina), certains en patissent quelque peu (Flyswatter et ses tortueux violons). La rigueur des arrangements et la monotonie des mélodies finissent par étouffer l'âme du live ; les applaudissements entre les morceaux semblent là pour rappeler qu'il s'agit d'un enregistrement en public.Malgré la sincérité de Eels, ce « Live at Town Hall » a du mal à convaincre et on s'épargnera le DVD pour éviter l'ennui amorcé par l'album. (indiepoprock)
bisca
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le 24 mars 2022

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