Le roi est mort...Vive le roi ! ou la réhabilitation d'Elvis Presley

Des salles bondées de quarantenaires frigides à choucroutes péroxydées sirotant un faux-Champagne tiédasse.
De chefs d'entreprise sûrs d'eux et empestant l'eau de Cologne bon marché, venus cramer leur boursicotage entre les pattes du bandit manchot ou les gros seins siliconés d'une pute au rabais.
Sur ces scènes immenses, démesurées, des cocotiers en plastocs côtoient des fausses Tours Eiffel et autres Taj Mahal en papier mâché sous des spots lumineux brûlant comme le feu de l'enfer.
Sortant du dessous de la scène et montant lentement sur le set comme un fantôme rutilant ou bien apparaissant dans des brouillards artificiels tel une divinité de l'ancien temps: Elvis Presley.


Monstre adipeux transpirant le beurre de cacahuètes et les anti-dépresseurs, engoncé dans des costumes ornés de diamants et autre pierreries factices, comme une paupiette de veau avec des yeux bleus qu'on ligoterait avec du fil d'or.
Roi fainéant et ogre toxicomane posé sur un trône usurpé depuis belle lurette.
C'est suant à grosses gouttes, l'oeil hagard et le visage déformé par son obésité morbide qu'il reprenait ses vieux tubes qui avaient fait de lui le King du Rock'n'Roll.
Pachyderme d'un Rock devenu Variété, idole bon marché pour Rednecks bas du front devenu le sosie de lui-même.


Voilà l'image d'Epinal sauce Barbecue qui me sautait directement au visage quand le nom d'Elvis Presley m'apparaissait. Une caricature grossière de la star Ricaine dans toute sa démesure.
Même quand je faisais l'effort de retourner en arrière, dans ces early fifties flamboyantes, cette Amérique de carte postale fleurant bon le hot dog et l'ice cream à la noix de Macadamia, cet âge d'or désincarné, "Hollywoodisé" jusqu'au trognon, je ne voyais pas grand chose.


Un gamin pauvre comme Job, propulsé sur le devant de la scène grâce à un physique avantageux et une voix particulière, une voix Noire planquée dans un petit corps blanc.
Une banane noire comme l'ébène, un jeu de jambes et un roulé du "Pelvis" qui fit transpirer les petites culottes des Américaines de tous âges. Le petit blanc voleur de musique noire.
Chantant comme les noirs, dansant comme les noirs mais ayant la grande chance de ne pas l'être, pouvant ainsi offrir son joli petit minois tout blanc à une Amérique encore largement ségrégationniste.


Décidément rien ne permettrait, à mes yeux, de sauver ce bon vieil Elvis. Ou alors si, une chose: L'écouter.


C'est grâce à un concours de circonstance incongru, par le biais d'une soirée arrosé dans un bar miteux, où un sosie de Richard Anthony jeune reprenait la fabuleuse Bridge over trouble water des "mousducul" Simon et Grafunkel. Un ami à moi me soutenait que ce Richard Anthony bedonnant avait la même voix que le King.
Nous rigolâmes comme des bossus de ce pauvre Elvis et de son gros cul, mais en rentrant chez moi je décidai de vérifier par moi-même la ressemblance vocale qui avait fait tiqué mon ami imbibé.


Le choc ! Putain non !!
L'autre emmanché de Richard Anthony était à deux mille lieues de King Elvis.
Quand les premières notes de Bridge over trouble water coulèrent dans mon oreille, quand la voix d'Elvis m'enserra la colonne vertébrale pour ne la lâcher que quatre minutes plus tard, quand sa beauté parfaite de putain de Dieu Grec frappa ma rétine, je fus subjugué par l'émotion.
C'est avec les larmes aux yeux et le cul par terre que je repris péniblement mes esprits.
Cet enfoiré d'Elvis dont je me gaussais il y a quelques heures, comme un petit Punk insolent devant l'autorité qu'était le King, me filais les frissons dans l'échine avec une simple chanson et une bonne tonne de charisme. (https://www.youtube.com/watch?v=mLbOBoa8vD8)


Je me jetais alors sur l'oeuvre Live du môme de Tupelo-Mississippi et m'aperçus rapidement que les moqueries faciles du petit branleur que j'étais étaient purement gratuites et largement infondées.
Je me filais les grands classiques du King les uns après les autres.
De ses premières chansons, chantés sur les scènes gigantesques de Végas quinze piges plus tard, que les années de métier ont sculptés dans le marbre. Cette maturité artistique qui a modelé ces petits Rock'n'Roll d'ado boutonneux pour les faire entrer dans la légende en or pur du King of Rock. ( https://www.youtube.com/watch?v=fLp--YEIhdQ)
Ses reprises légendaires qu'il écrasait de son talent et dont les perf' scéniques terminaient l'appropriation au répertoire du King faisant pâlir de honte les interprètes originaux.(https://www.youtube.com/watch?v=2Ox1Tore9nw)
Un torrent de classiques qui me roulait sur les pompes, m'écrasant les arpions ou me caressant la voûte plantaire, m'entraînant avec lui au fond de la rivière Presley.
En immersion totale dans l'oeuvre tentaculaire du King.


C'est de l'or que je découvre au fond de cette rivière.
Elvis enflamme les scènes de Las Vegas qu'il connaît comme sa poche.
Le show est énorme, rôdé au quotidien par le rythme et la fréquence folle des concerts du King.
L'orchestre est au complet. Cordes et cuivres connaissent le répertoire sur le bout des doigts et accompagnent Presley avec la finesse et la légèreté d'une seconde peau.
Les choeurs sont d'une qualité extraordinaire, portant, enrobant la voix du King comme la fine couche de sucre que l'on met sur les bonbons et qui les rende encore meilleurs.
Elvis quant à lui est au sommet de sa carrière.
La voix atteint les cimes de l'Olympe. Elvis est un monstre de technique vocale d'une facilité hallucinante, ( La preuve des capacités et de l'éventail "octavique" démesuré du bonhomme à 3:40 https://www.youtube.com/watch?v=wVQtDryYCc0) se jouant du rythme, riant ou chuchotant au milieu de ses chansons, pliant les mélodies à son bon vouloir, marquant de son empreinte de géant tout ce qu'il touche.


C'est piteux et les yeux au sol que je finissais cet album, comme un gamin qui viens de prendre sa fessée. Le King venait de me filer la rouste que je méritais, moi, petit Punk qui ne respectais pas les anciens, qui pensais qu'on devenait une légende sur un coup de chance.
Je me réveillais, les fesses rougis et les marques des bagouzes du King encore incrustées sur le fion.
Mais la fessée a porté ses fruits, la leçon a été bien apprise: On ne se moque pas des vêtements ( On a dit pas les affaires !) et on respecte les vieux, crénom de nom !


Alors respect Vieux !


https://www.youtube.com/watch?v=Wb0Jmy-JYbA

Ze_Big_Nowhere
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste ♪♫...ZBN 2 . La bafouille Pop-Rock !...♫♪.............et Punk !..et Blues !..et Métal !..et Rap !..et Bossa !

Créée

le 6 mai 2015

Critique lue 482 fois

30 j'aime

22 commentaires

Ze Big Nowhere

Écrit par

Critique lue 482 fois

30
22

Du même critique

Touche pas à mon poste
Ze_Big_Nowhere
4

Touche pas à mon despote !

J'ouvrais péniblement les yeux aux sons d'applaudissements frénétiques et mécaniques. J'étais assis au milieu d'un public bigarré, béat d'admiration devant ce qui se passait devant lui. Les...

le 3 mars 2016

244 j'aime

42

Les Anges de la télé-réalité
Ze_Big_Nowhere
1

Les Tanches de la téléréalité

12:30. Brenda se lève difficilement après une nuit arrosé avec ses amis dans une boîte à la mode de Miami. A ses côtés Jenifer, Steven et Brandon ronfle paisiblement sur les coussins multicolores...

le 28 mai 2015

227 j'aime

30

South Park
Ze_Big_Nowhere
10

American Way of F*ck

Colorado. État de l'Ouest des États-Unis. Capitale: Denver. Une superficie de 269 837 km2 pour plus de 5 millions d'habitants. Des vallées gigantesques d'un côté, les montagnes rocheuses de l'autre...

le 28 déc. 2015

200 j'aime

16