Emile revival

C'est toujours avec une certaine méfiance que l'on aborde ces oeuvres cultes remis au goût du jour. En ces années 2010, c'est une tendance lourde que l'on retrouve aussi bien dans la musique qu'au cinéma. Alors que fleurisse les ersatz de groupes reproduisant les concerts mythiques de leurs idoles à la retraite ou au divorce consommé depuis des années (Pink Floyd, Genesis, Led Zeppelin, Dire Straits, etc...), il en est un, qui 40 ans plus tard, est toujours là, malgré leurs énièmes tournées d'adieux... Ange.
Cédant à la mode du remake, Ange sort 40 ans après l'album original d'"Emile Jacotey" de 1974, la version Résurrection de leur disque à succès. Je parle bien de remake, car à part la voix du petit pépé disparue en 1978, tous a été réenregistré pour le meilleur ou le pire.
Le meilleur étant qu'après 40 ans de tournées incessantes, les morceaux classiques de l'album original bénéficient de leur expérience de scène et sont devenu des machines de guerre d'une efficacité redoutable à l'interprétation bien plus fougueuse et sûre qu'à l'époque. Le pire sera pour les puristes, qui auront surement du mal avec certaines réinterprétations de leur album culte. D'autant que le groupe y insert des titres inédits, qui parfois n'ont pas l'esprit des morceaux de l'époque et dessoudant l'harmonie de l'album. "Innocent les mains sales" est clairement une composition moderne du groupe. Mais on est surpris par d'autres comme "Gustave et Lucy" ou "Parallèles amoureuses" qui s'y intègre parfaitement.
A la fin, on ne sait pas trop quoi penser de cet album, à la fois réussi, déstabilisant et au but totalement insaisissable. A qui s'adresse-t-il ? A moins que ce ne soit qu'un nouveau prétexte à la bande à Christian Décamps (à près de 70 ans) pour reprendre encore une fois les routes de France...