Au début de cette année 2014, je suis tombé, complètement par hasard, sur un article en une du quotidien Le Monde, article qui signalait la disparition de Paco de Lucia, qualifié de "maître de la guitare flamenco" ( http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2014/02/26/paco-de-lucia-maitre-de-la-guitare-flamenco-est-mort_4373387_3382.html ).
Fichtre, je voulais bien être pendu si j'en avais jamais entendu parler.
Au sujet du flamenco, j'avais énormément de préjugés (un bonhomme qui hurle des trucs incompréhensibles pendant qu'une madame en robe rouge tape des talons sur une table et que trois mecs massacrent des cordes de guitare par wagons entiers). Mais je n'en avais jamais écouté.
Ce n'était même pas un trou dans ma culture, c'était carrément un gouffre.
Poussé par la curiosité culturelle qui parfois sommeille en moi, je me suis décidé à aller écouter un peu les œuvres du bonhomme.
Une claque.
Une claque, qu'il s'est pris alors, le SanFelice.
Alors voilà. Réglons d'abord un sort aux préjugés que j'avais signalés quelques lignes plus tôt (mais si, il faut suivre un peu).
Je me suis retrouvé face à une musique beaucoup plus subtile que ce que j'avais cru.
Une musique basée sur l'expression des sentiments.
Pas besoin d'être un spécialiste pour apprécier le flamenco. Il suffit de se laisser aller.
Écouter le doigté incroyable de Paco de Lucia. Cet homme maîtrise tellement sa guitare qu'elle semble faire partie de lui.
Les sentiments différents alternent avec jubilation.
Il joue avec ses tripes.
Il arrache tout ce qu'il peut avoir en lui.
Et parvient à nous transmettre tout cela.
Ce double disque, qui réunit des morceaux enregistrés lors de différents concerts en Espagne en 2010, est magnifique. Il montre toute la variété du flamenco. D'un flamenco qui fricote avec le jazz même : Paco joue avec un sextet et, surtout dans le second disque, la coloration jazzy se mêle agréablement au flamenco.
Bienvenu mélange des cultures pour une musique tellement ancrée dans le monde méditerranéen.
Une Méditerranée qui, contrairement à ce que l'on m'avait fallacieusement appris quand j'étais gosse, n'est pas une frontière, ni une séparation, mais un trait d'union qui rapproche tout les peuples qui l'environnent.
Savourez, c'est juste sublime.
Et si vous avez de la curiosité, allez voir cette liste essentielle de steka : http://www.senscritique.com/liste/Flamenco/174085
http://www.youtube.com/watch?v=mYYDdn1rRKs