Situé quelque part dans l'héritage du fameux Født Til å Herske de Mortiis (1993), Vindkaldr livre ce qu'il est convenu d'appeler du dungeon synth sous un aspect parmi les plus dépouillés du genre, se contentant de simples nappes de synthé juxtaposées en longues ondulations évanescentes.
La pauvreté apparente de l'exercice, qui rebutera sans doute quelques uns, recèle un album d'une troublante sensibilité. Enchantments of Old Lore porte à plus d'un titre admirablement bien son nom. Un enchantement, c'en est effectivement un. Et sans nul doute, il évoquera à plus d'un le spectre d'un passé enfoui, la lumière vacillante d'un autre âge à peine perceptible, affleurant à l'orée de nos souvenirs incertains. Dès les premières notes, Mauhulakh impose le ton d'une réserve révérencieuse et, guidant d'une main agile son orchestre synthétique, s'emploie à faire resurgir de l'oubli les trésors d'époques merveilleuses — ont-elles seulement existé ?
En subtiles variations, en imperceptibles juxtapositions, en légères touches successives, l'enchantement se déploie, jouant habilement des silences, des menues variations d'intensité, du son cristallin d'une harpe résorbée dans le lointain. À l'oreille attentive, la pauvreté de l'exercice révèle la discrétion délicate d'un art maîtrisé de main de maître. Il y a là une sorte de grâce feutrée et légère, d'une légèreté évanescente, douce et sensuelle. Chaque note vient mourir lentement en de longues réverbérations indécises, prolongeant indéfiniment la lumière ténue des refuges intérieurs ainsi à nous accordés au cœur de nous-mêmes. L'enchantement viendrait à bout de l'humeur la plus morose, comme tout ce qui déploie cet invisible logé dans l'éternel silence des choses.
Lorsqu'il clôt enfin son orchestre sur une note incertaine, si légère, bourdonnant dans sa propre solitude, le Mauhulakh aux airs guindés et aux manières solennelles pourrait bien nous laisser étrangement émus, mais toujours dans ce calme tempéré de tout excès.