C’est celui qui m’a fait découvrir les QOTSA, le fameux riff de 3’s & 7’s qui a lui tout seul un sacré coup de pied dans les valseuses de la … putain j’allais dire pop-rock mais j’peux même pas, je sais pas comment identifier le son de cet album haha. On va commencer par ça. Ce jeu de guitare saturé, trempé dans de l’acide psyché/stoner, et un chant de Josh assumant désormais complètement son influence pop, donne un mélange super curieux. C’est super euphorisant, les mélodies sont très immédiates, le pauvre ado inculte que j’étais a de suite adoré et assimilé "3’s & 7’s", il pensait déjà à un joli slow ou un petit rendez-vous galant ou il pourrait placer son "Make It With Chu", rah elle va tomber c’est certain, ce petit solo tout distorsioné va la loger dans tes bras, c’est du tout cuit. Et puis il y a eu les autres écoutes, difficiles, parce que le paradoxe de cet album, c’est qu’il n’est pas du tout l’image de ses singles accrocheurs. Comme si, pendant un mauvais épisode de Scooby-Doo, l’acide pris pendant la grosse fête des deux singles avait fini par déborder, créant un monstre, l’horreur s’empare des fêtards. La guitare de "Sick Sick Sick" vient lancer une course poursuite contre les auditeurs (cette pauvre conne de Daphné s’est encore faite enlever, Scooby s’étouffe avec ses Scooby-snacks face à cette seconde partie de riffs, mais derrière les monstres se cachent toujours les Homme, et Troy, les vieux épisodes nous l’ont enseigné dès l'enfance), on est dans un trip lugubre, très efficace, le clip efface tout doute possible. Ah, et on peut faire coucou à Julian Casablancas des Strokes dont la voix apparait sûr ce titre. Dans la même veine, comme pour faire fuir l’auditeur réticent à ce délicieux changement macabro-pop, “Run Pig Run” vient déballer un rouleau compresseur de guitares, un chant teinté d’influence burlesque, comique, à tes trousses et cette cadence de guitare te rattrape, toi, le piggy qui l’écoute. “Battery Acid” rappelle même très bien les morceaux d’Oliveri sur Rated R, c’est la plus “hard” de l’album.
Bon on avait vu venir le truc quand même, non Scooby ? Cette brume mystérieuse d’introduction de "Turning On The Screw", ses airs pops, son riffs tout spontané trompeur, la batterie très bien foutue qui vient t’appâter et d’un coup ce relent d’acide, la guitare tranchante, elle ne quittera plus l’album … (rah puis zut, la version live de Canal + rend bien plus justice à ce titre !). "I’m Designer" ne semble pas défier cette loi, toujours cette ligne de guitare couperet, capricieuse, désordonnée, toujours lugubrement jouissive et soudain un refrain pop sorti de nulle part, on retrouve ce schéma bien efficace sur la carrément glauque "Misfit Love", sortie d’une série B horrifique, la construction de ce morceau est très inventive, c’est du stoner/progressif, un clavier inquiétant qui grandit, un riff de plus en plus fort, le chant pop, et l’explosion de guitares à la fin, superbe (regardez encore la version live sur Canal, elle est très parlante). Vous connaissez bien les QOTSA, ne jamais sombrer dans le répétitif. C’est encore plus inventif cette fois, parce que le virage pop ouvre bien plus de possibilités musicales. La psyché revient, la guitare parfois se libère du monstre acide, et s’envole, comme sur ma préférée, Into The Hollow, QOTSA vient de mélanger l’indie des 2000’s, la vieille psyché/pop pour pondre ce morceau, remplie de nostalgie foudroyante, cette fois ci le fantôme de Lannegan vient hanter notre cher épisode de Scooby-Doo, mais il ne s’agit que de son ombre. (Punaise ce solo est sublime …). Quelque chose de plus personnel apparaît dans cet album venant de Josh, cela teintera bien plus le prochain album. On le voit bien sur cette deuxième ballade bien plus psychédélique, "Suture Up Your Future”, le talent est dans l’écriture aussi, et dans cette basse noyée de réverb qui nous surprend assez vite … Stoner/psyché/pop ?? Bien tenté … L’album finit toujours avec ces ambiances curieuses, on peut retenir le joli riff en cavalcade de “River In the Road”, qui confirme clairement l’influence gothique/horrifique pesant sur l’univers pop curieux de l’album.
Les titres n’apparaissant pas sur l’album sont également à son image, “The Fun Machine Took a sh*t and died” est un manège de drogué désenchanté; et parmi le meilleur on peut aussi compter sur la collaboration avec Trent Reznor sur le morceau “Era Vulgaris”, dont le refrain reste en tête bien longtemps.