Don Cherry – Eternal Now (1974)
Je me souviens très bien avoir lu une chronique dans la presse spécialisée d’époque, assez brève et lapidaire, qui se concluait ainsi : « décidément il vaut mieux éviter les « now » de Don Cherry ». Etaient visés « Hear and Now » de soixante-dix-sept, et « Eternal Now » que voici.
Je n’ai jamais trop compris où le gars voulait en venir, mais ça m’est resté dans un coin du crâne, « mais pourquoi dit-il ça ? » Je n’ai toujours pas la réponse, mais ça fonctionnait avec la force d’un argument d’autorité, je suis spécialiste, je sais, je juge….
Alors pour tout dire je l’aime bien moi ce disque, on pourrait le classer dans le style « spritual music », ou encore musique « baba d’époque », avec oinje qui va avec, mais n’est pas fourni dans l’album. Ce dernier n’est pourtant pas ambitieux, il se laisse porter par le son du vent, et les éléments qui vont avec. Don joue de beaucoup d’instruments du monde, avec des noms compliqués, c’est que le monde est rempli de jolis instruments au nom compliqué qui rendent la musique belle.
Il chante un peu de temps en temps, sur des rythmes assez immuables et avec des drones en toile de fond qui donnent l’ambiance recueillie qui va. Ils sont quelques-uns à ses côtés, Ben Berger, Christer Bothén, Agneta Ehrnström, Bernt Rosengren, des gens de là-haut, où il vit. Si vous aimiez ça la musique improvisée de l’époque, où ça s’énerve pas trop, genre tu balances la tête en te laissant porter là où t’emmène la musique, ça peut le faire…
D’un autre côté, pour revenir au gars qu’aime pas, on peut comprendre pour peu qu’il préfère les trucs structurés, avec début, thème, milieu, thème, fin. Ici c’est pas trop ça, ça traîne, ça larmoie, ça va et ça vient, on se sent bien même avec un simple tambour qui donne à tuer le temps, en attendant qu’un autre arrive, qui passe dans le coin…
Y’a des cloches tibétaines, des gongs, des cymbales, des rkan-dung, un H’suan, le Dastar, et le piano à pouces, bien sûr, et d’autres encore… et d’autres…