Eve
7.7
Eve

Album de Ufomammut (2010)

Le trio italien formé en 1999, publiant dans la foulée un EP au nom délicieusement cliché, Satan, est devenu au cours de la dernière décennie une valeur montante du doom psychédélique pouvant aisément se faire une place entre Electric Wizard et Om. Après un Idolum sorti en 2008 ayant vu le trio passé un cran au-dessus, leur sludge vrombissait d'ambiances vintages, de basses magmatiques et d'atmosphères sombres dans la continuité d'un Snailking (2004), s'ouvrant encore un peu plus de nouveaux amateurs de riffs plombés.


A défaut d'avoir nommé son nouvel album Lilith, en hommage à celle qui préférait jouir des plaisirs de la vie au détriment d'offrir une descendance braillante au phallocrate Adam, le cinquième album du mammouth de l'espace porte le patronyme d'Eve, hommage à la première femme terrestre et à son acte rebelle envers son créateur en apportant le savoir à l'humanité, selon les propres mots du trio... de quoi rappeler les plus belles pages ampoulés du rock progressif des 70's, non? Autre point de discorde propre à une emphase lourdingue, l'album Eve se veut une unique chanson de 44 minutes (et 44 secondes soyons précis) divisée néanmoins en 5 parties distinctes, comme avait fait en son temps le groupe culte Sleep d'Al Cisneros (futur Om et Shrinebuilder) avec Dopesmoker (2003), or toute la question était de savoir si le trio transalpin allait transformer l'essai et dissiper les quelques craintes...


Premier point, contrairement aux aspirations de base qui vont de pair avec une musique réputée pour son monolithisme, le cinquième album d'Ufomammut se différencie aussi bien sur le fond que sur la forme, contrairement aux précédents essais musicaux du trio, ou la fin d'un cycle initié par la triplette Godlike Snake/Snailking/Idolum... delà à imaginer que les premiers reproches proviennent de ce changement. Autre point de division, la place plus importante, voire primordiale occupée par les ambiances, le trio semble en effet plus intéressé à tisser des atmosphères distordues qu'à assommer l'auditeur toutes les 3 minutes à coup de riffs cataclysmiques. Une évolution naturelle pour des italiens qui avaient pris l'habitude de clore leurs disques par une chanson fleuve oscillant vers la barre de la demi-heure, le choix d'une chanson-album prenant finalement tout son sens pour la suite de leurs aventures musicales.


Eve se distingue dès lors du passé purement sludge de la formation pour lorgner du coté du drone et en particulier d'un album qui fit date (du fait de sa construction pouvant difficilement passer pour une coïncidence), le sonique Feedbacker (2003) de Boris. A l'instar du disque des japonais, Eve se distingue par une lente progression occupant à elle seule les deux premières plages, où l'inspiration des transalpins puise sa source à la fois dans les transes hypnotiques de Conference of the Birds (I) et dans les meilleurs trips atmosphériques de Dopethrone (II), lorsqu'Electric Wizard s'approchait d'un peu trop près du néant. S'ensuit une progression quasiment tribale à l'orée de la face A ou l'appui nécessaire à une plage III à la gloire d'un stoner frondeur, les quelques vocaux aériens mutant en vocifération propre aux invocations allouées à un dieu vengeur. Une face B centrée sur une plage IV transitoire où le trio maintient une pesanteur saturée jouant sur la répétition du riff principal concluant l'album par une plage d'un quart d'heure, synthèse parfaite des quatre titres passés: lourd, intense, une longue marche vers un volcan bouillant avant un calme lancinant.


Un cinquième album qui contrairement aux autres volées de bois vert qu'il a reçu n'a qu'un seul défaut, celui de ne pas suffisamment se différencier des influences citées plus haut. Ufomammut signe tout de même le chainon manquant entre Feedbacker et Dopesmoker.


http://www.therockyhorrorcriticshow.com/2010/05/eve-ufomammut-2010.html

Claire-Magenta
9
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le 30 janv. 2013

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Claire Magenta

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