Cet album est le dernier très grand disque de Hammill, proche du chef d'œuvre...Seul This qui suivra 2 ans plus tard aura cette magie....Quand ce disque est sorti ce fut un coup de foudre...Dans la lignée du sublime Fireships...
Everyone You Hold est calme, transparent, une bulle phosphorescente. Il s'ouvre sur des guitares très “Frippertronics”. Le ton est donné. La voix se fait plaintive, caresse les oreilles comme un grand cru vous caresse la gorge. Hammill va avoir 50 ans à la fin de l'année et toute l'expérience, la maîtrise et le savoir-faire sont en lui. La chanson, en sourdine, rappelle The Future Now, par le traitement des claviers et de la guitare. On est ensorcelé comme le flutiste ensorcelle le serpent...
Personality est le seul titre un peu faible de l'album qui empêche celui-ci d'accéder au chef d'œuvre....il y manque un Jaxon pour le propulser ailleurs.
Nothing Comes est un superbe morceau enjolivé par le violon pénétrant de Stuart Gordon. Hammill se souvient de cette amoureuse qu'il n'eut jamais....
From The Safe House s'ouvre sur un piano doux qui tourne dramatique...la voix se fait basse alors que “le monde s'écroule à l'extérieur”..c'est très prenant, les amoureux sont inatteignables , “l'Orage éclate , ainsi que toutes les règles, plus rien n'est familier dans les rues de la vieille ville, le chaos est maître... ici dans la maison sécuritaire.”... C'est vraiment un morceau qui donne le grand frisson, quelques effets spéciaux très subtils, la guitare électrique économe et lumineuse et encore cette voix, maintenant mature et encore juste, qui vous transperce le cœur ....Hammill superpose ses voix comme seul lui sait le faire, en écho un autre texte, la chanson finit dans l'urgence d'envoyer un message clair....à son amoureuse ...dans la maison ....la guitare très “ Frippienne” termine le morceau et enchaîne avec le suivant.
Phosphorescence commence avec des claviers en écho, la voix de Hammill a l'air perdu en mer...c'est sublime dès les premières secondes....Oui le moment est magique , le violon se fait symphonique,les voix s'élèvent , Hammill chante avec ses filles...Wow ! Jamais Hammill n'avait touché à cette planète...On reste cloué du génie, encore une fois, de cet homme qui n'en finit plus de nous étonner.... Phosphorescence a quelque chose de profondément grandiose avec si peu de moyens....
Falling Open ouvre encore avec ses guitares “Frippiennes” et une superposition de voix: Hammill chante qu'il voit ce qui n'est pas là et pourrait être. Le chant est presque A Capella....Les loops de guitares hypnotisent le morceau...Comme si Fripp et Eno ensemble avaient eu du talent.... Hammill les laisse loin derrière...
Bubble est le seul morceau fou du disque , morceau qui éclate. Hammill commence doucement et la construction qui annonce la crevaison de la Montgolfière est prenante, l'orgue se fait majestueux, à la “Wondering” , enrobée par la guitare électrique...au moment qu'on s'y attend plus, non personne ne sait quand la bulle crèvera, la bulle éclate dans une rage “Hammillienne”. Puissant et explosif ! Live le morceau devient une bombe atomique !
Can Do a un peu le son de l'album Skin, une pointe de reggae au loin...beaucoup de sarcasme dans le chant et les paroles...la guitare électrique ici est moins planante, plus direct, plus rock...Une très bonne cut...
Tenderness rappelle Sleep Now à la fin de And Close As This...Maisi ici on sent le père qui réconforte sa fille en peine d'amour...Tout ce qu'il a à offrir c'est la tendresse....ce qui est parti est envolé...Maintenant est le temps de se souvenir et de lâcher prise....Très très beau... la finale vous hantera longtemps....comme les fantômes de l'amour
Abandonnez-vous à Every One You Hold , comme Hammill s'est livré, ouvrez les bras, le corps, le cœur et l'âme et entrez dans cette magnifique bulle phosphorescente.