Destinés à patienter jusqu'à la prochaine pièce montée de Grandaddy, prévue pour l'an prochain, ces quelques zakouskis n'ont pourtant rien de miettes jetées aux pigeons.
Composés et enregistrés par le seul Jason Lytle au studio B, c'est-à-dire sa chambre (le studio A est son salon), ces sept titres alternant rock acidifié et rêveries planantes ne possèdent peut-être pas tout le relief que le groupe a su inventer sur ses deux stratosphériques derniers albums. Mais même en configuration lo-fi, ces compositions en colimaçon parviennent sans mal à décoller ? voire à décoller le papier peint, comme l'improbable Florida et ses accents pixiens ?, propulsées le plus souvent par des synthétiseurs périmés auxquels Lytle parvient à rendre fierté et humanité. Entamé par un boogie cosmique, Pull the Curtains, qui enferme T.Rex, Neil Young et Electric Light Orchestra dans la même capsule, ce trip haletant nous laisse, trente minutes plus tard, échoués sur une plage, une guitare folk et des guirlandes d'étoiles pour seules compagnes, Neil Young ayant largué les deux autres en route pour nous chanter Goodbye dans le creux de l'oreille.
Alors que Mercury Rev ne ressemble plus qu'à une boursouflure d'opérette, on ne peut plus compter que sur Grandaddy pour faire du skate-board sur la voûte céleste, du surf sur la voie lactée. Il serait prudent d'en faire une espèce protégée. (Inrocks)