John McLaughlin – Extrapolation (1969)
Avec ce millésime soixante-neuf on n’est pas surpris de rencontrer le premier album en solo de John McLaughlin, c’est un album de jazz à n’en pas douter, et de ceux qui paraissent indispensables, et même classiques. A son époque, on le découvrait moderne, et aujourd’hui encore il est quasiment actuel, malgré ses presque cinquante-cinq ans.
John McLaughlin a tout composé ici, les dix pièces, souvent assez courtes pour un format jazz, même si « Binky’s Beam » dépasse, tout de même, les sept minutes. Certaines compos sont très colemaniennes très tendues, acérées, comme le titre d’ouverture, « Exploration » au format de moins de trois minutes, qui dit tant en si peu de temps, tout comme le bref « Spectrum » d’ailleurs, qui projette l’extraordinaire John Surman au baryton. Ce dernier joue également du soprano, qui deviendra peu à peu son sax préféré.
Il se trouve qu’à cette époque aucune histoire n’était écrite sans Miles Davis, c’est par le biais du bassiste que son nom sera cité, en effet, alors que la date d’enregistrement de cet album approchait, voilà que Dave Holland, qui devait y tenir la basse, est appelé par le dit Miles pour rejoindre le trompettiste aux Etats-Unis, une telle proposition ne se refuse pas et le voici parti, laissant John sans bassiste.
Fort heureusement la Grande -Bretagne ne manque pas d’excellents musiciens et c’est Brian Odges, réputé requin de studio, qui s’acquittera de ce rôle. Il fait le job avec une belle assurance et ajoute sa « patte » aux sonorités de cet album, il fait la paire avec une sommité des batteurs Britanniques, le magnifique Tony Oxley.
Au registre des influences, ou plutôt du son d’époque, car les deux jouaient pendant la même période et devaient s’écouter, on pourrait citer également Elton Dean de Soft Machine, dont la sonorité était très proche de celle de John Surman, ce dernier est vraiment énorme sur cet album et apporte une couleur forte et puissante, qui marque l'album de son irrésistible empreinte.
John Mclaughlin est omniprésent, même s’il ne se lance pas dans de longues chevauchées solitaires, il montre une extraordinaire virtuosité et s’accroche au format jazz, dans une belle continuité avec les légendes de l’instrument, son jeu est un éternel ravissement.
Un classique indémodable. (Je vous mets la pochette originale sur Marmalade, mais hélas je ne la possède pas).