Parlons peu, parlons chiffres : Fading Trails regroupe neuf chansons issues de quatre sessions d'enregistrement, où trois formations différentes ont accompagné Jason Molina. Mélange de cépages électriques et acoustiques, on y trouve du sec, du demi sec et du moelleux. En somme, il s'agit d'un best of de Jason Molina qui serait composé uniquement de nouvelles chansons. Vu la durée fulgurante de l'ensemble (vingt-huit minutes), c'est même un concentré, un nectar à boire sans modération. L'affaire s'ouvre sur un Don't Fade On Me sublime, grand moment de folk électrique survolé par un chant puissant. Le coeur du disque joue sur du velours : Montgomery, Lonesome Valley, Memphis Moon et Talk To Me Devil, Again égrainent des mélodies limpides enrobées de guitares, claviers, voire de choeurs, toujours portées par une rythmique sèche. Le vent se lève sur Little At A Time, menacé par une guitare électrique lancinante. Mais c'est quand il porte seul les couleurs de Magnolia Electric Co. que Molina broie du noir et effraye carrément. Au piano sur The Old Horizon ou à la guitare sur Steady Now, le chant est déchirant, les silences perçants. Fin d'album en forme de gueule de bois et éclair de lucidité : toujours aussi prolifique, bien installé à la droite de Neil Young aux côtés de Will Oldham, Jason Molina vieillit bien. (Magic)


Cela ne sert à rien de tourner autour du pot, il faut se rendre à l'évidence : depuis la fin de Songs: Ohia et le début de son nouveau projet, Jason Molina se cherche. Si l'on met de côté l'enthousiasmant "Trials and Errors", Magnolia Electric Co. n'a pas écrit d'album du niveau de ce que faisait la formation antérieure. Ce disque est bien, certes, mais quiconque a été exposé au feu de Songs: Ohia et à son indescriptible rage contenue ne peut décemmment se satisfaire de ces disques, au mieux tout juste corrects, au pire ennuyeux – encore une fois, j'exclus "Trials and Errors". Avec "Fading Trials", Magnolia Electric Co. confirme qu'il a en grande partie troqué l'intensité électrique d'un folk-rock incandescent et tortueux pour la tranquillité des lignes droites et les vertus apaisantes des vertes prairies. Moins de fureur et plus de ballades teintées de colère difficilement réprimée, voilà la nouvelle voie qu'emprunte Jason Molina. Bénéficiant des bons services de Steve albini, Andrew Bird et David Lowery, "Fading Trails" n'en est pas moins décevant, compte tenu du potentiel avéré du prolixe J. Molina. Les tentatives ("The Old Horizon", surtout) de se démarquer de ses précédents travaux et de leur quasi-perpétuelle comparaison à ceux de Will Oldham sont louables mais cependant trop timides.Vous écouterez sans râler cet album agréable qui en aucune circonstance ne vous choquera l'oreille. Peu de chances en revanche qu'il vous fasse chavirer et cracher à la gueule du monde entier cette frustration quotidiennement ravalée. Pour ma part, j'attends d'ores et déjà le prochain album, plein d'un espoir quelque peu entamé mais toujours sincère. (Popnews)
On éprouve encore des frissons à l’écoute du "Ghost Tropic" de Songs:Ohia, où un folk squelettique faisait émerger la voix magnifiquement habitée et terrifiante de Jason Molina. Pourtant un sentiment de déception accompagnait la sortie des derniers disques du songwriter. Molina, trop apaisé, avait perdu de son intensité. Renommé Magnolia Electric Co, le groupe était resté un peu trop du côté de Neil Young - après avoir trouvé son inspiration chez Will Oldham - et d’un son folk-rock trop confortable que l'on retrouvait sur les albums "Trials & Errors" et "What Comes After Blues". Les neuf titres du dernier album de Magnolia Electric Co, "Fading Trails", sont issus de plusieurs enregistrements produits, entre autre, par Steve Albini, James Lott ou Molina lui-même. De par la disparité de ces sessions, les morceaux ont des constructions assez distinctes les unes des autres. Don’t Fade on me et Montgomery sont plutôt amples et l'on y joue du folk électrique avec une section rythmique assurant des fondations particulièrement robustes. Mais il retrouve un ton plus personnel, proche de Songs:Ohia, sur des titres plus dépouillés comme The Old Horizon, ou encore le magnifique Spanish Moon Fall And Rise. Ici la musique ne porte plus que la peau sur les os, Molina y joue seul au piano et s’accompagne à la guitare acoustique. Quelques notes minimalistes y sont répétées avec beaucoup de tension tandis qu'une voix pleine de tristesse et de renoncement fait décoller le morceau. Alors qu’on sentait venir un début de déprime, une ambiance plus légère prend forme avec la ballade Talk To Me Devil, Again et sa guitare cristalline, prouvant ainsi l’immense talent de l'homme pour passer de l’ombre à la lumière. Sur "Fading Trails", Jason Molina a choisi de varier un peu les ambiances, et ainsi de sortir des petites habitudes dans lesquelles il s’était installé sur les premiers disques de Magnolia Electric Co. Même si on ne retrouve pas l’intensité de son chef d’œuvre, "Ghost Tropic", il nous livre un bel album simple et personnel. (indiepoprock)
bisca
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le 6 avr. 2022

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