Gilad Hekselman – Far Star (2022)
Cet album de Gilad Hekselman fait partie de ceux qui ont été sélectionnés dans la liste des « quarante » par les deux magazines mensuels consacrés au jazz en France. C’est aussi un album de « la pandémie », de ceux qui ont pris une forme nouvelle par nécessité, échappant à leur destinée, ici pour le meilleur pourrait-on penser, car il faut bien le reconnaître l’album du guitariste New-yorkais est exquis.
Huit pièces au total, souvent jouées en duo, deux en trio et une en quartet. On y entend sur chaque pièce une guitare, des claviers et une batterie, s’ajoutent de temps en temps une basse et parfois des cordes, peut-être quelques machines ici ou là pour fabriquer les effets, comme sur ces sifflements sur le titre d’ouverture, « Long Way From Home ».
Gilad avait les démos en poche, et les jours passaient, puis les semaines, la pandémie s’installait... Il décida de prendre les choses en main et s’attela au boulot dans sa maison, un ordi, des cours pour se mettre au niveau, des conseils avisés de la part d’amis techniciens, et l’oreille vagabonde, l’esprit dans une autre dimension, il invente le monde de « Far Star » !
Ce qui devait être un album de groupe devient un effort presque solitaire, propice à l’imagination et à l’improvisation. Eric Harland, le batteur, est celui qui partage le plus ces moments-là, il passe et repasse dans la maison et co-construit ce chouette album, que l’on imagine créé à partir d’images, comme la bande-son originale d’un film imaginaire, le titre lui-même évoque l’ailleurs, l’espace et la science-fiction…
Alors c’est un peu minimaliste et en même temps évocateur d’un espace grandiose, un peu bricolé mais également éléphantesque, ça groove mais nous emporte vers des voyages stellaires, toute la magie de l’album tient dans ces fabuleux paradoxes.