Le rock atmosphérique et plaintif de I Love You But I ve Chosen Darkness pourrait ainsi, dans un monde juste, chercher des poux aux Killers, éjecter les Editors ou The Bravery des gazettes. C'est de toute façon en marge du lustre noir et clinquant des brocanteurs eighties que se jouent ces chansons trop tourmentées pour être de simples exercices de style.
Les hymnes du groupe visent clairement les bourses (au propre, au figuré) des étudiants romantiques, accompagnant parfaitement, comme The Cure en son temps, les désordres hormonaux de ses tourbillons électriques.
Avec une intensité et une gravité jamais théâtrales, les Texans jouent effondré et pourtant viril, puissant, teigneux ? comme des shoegazers anglais, mais avec la frange dans les santiags et de la force dans les bras. Car le noir n'est pas ici qu'une panoplie de saison pour accentuer la pâleur et faire ressortir les yeux kholés : ce noir, râpé et crasseux, est celui qu'au Texas portent déjà Calla ou And You Will Know Us By The Trail Of Dead, eux aussi ténébreux et agités, anxieux et enragés. Accessoirement, c'est là mon nom de groupe préféré de l'année. (Inrocks)


On n'y croyait plus. Longtemps, trop longtemps, ce groupe sera donc resté le secret le mieux gardé de la scène musicale américaine : concerts distillés au compte-goutte, disques livrés avec parcimonie. Depuis ses premiers balbutiements en 2001, il n'en avait sorti que deux. Un Cd éponyme constitué de cinq morceaux, débarqué sans crier gare au crépuscule de l'année 2003. Puis un maxi vinyle, fort de deux nouveaux titres, distribué en catimini quelques mois plus tard. C'était à la fois peu et en même temps, telle-ment suffisant. Suffisant pour créer une incroyable dépendance, susciter une curiosité quasi-maladive. Qui pouvaient donc bien être ces types ayant trouvé l'un des noms les plus géniaux de l'histoire du rock, de ceux qui donnent juste ce qu'il faut d'indices sur leurs aspirations et ambitions artistiques, sans non plus les étaler vulgairement au grand jour ? Qui étaient les auteurs de ces chan-sons à la grâce diffuse, au charme suranné, aux mélodies entêtantes, un pied ancré dans le passé, le regard désespérément tourné vers le futur ? Leur origine, Austin, Texas, ne dévoilait rien du mystère. Leurs accointances, un peu plus. I Love You But I've Chosen Darkness est né de l'imagination de Christian Goyer et Jason McNeely, alors tous deux membres des très fréquentables Windsor For The Derby. Depuis, juste après l'enregistrement du premier Ep en fait, ce der-nier a préféré se concentrer sur son projet de toujours. Au chant et à la guitare, Goyer a quant à lui décidé de tout risquer dans cette nouvelle aventure. À ses côtés, ils sont quatre, pour la plupart échappés d'autres formations du coin. Il y a un batteur implacable, Timothy White, et un bassiste alerte, Edward Robert. Le guitariste Ernest Salaz, qui s'affaire également aux claviers, s'entend à mer-veille avec son alter ego et dernier arrivé en date, Daniel Delfavero. Ensemble, sous la houlette du peu commode Paul Barker (éminence grise, entre autres, de Ministry), en prenant leur temps, en se montrant exigeants des sessions anté-rieures ont directement été fichues à la poubelle , ils se sont affairés à ce pre-mier album que l'on guettait inlassablement, toujours ébloui par cette poignée de chansons écoutées jusqu'à satiété depuis trois (longues) années, mais tenaillé par une peur tenace de ne jamais le voir arriver. Les fols espoirs placés dans ce disque si souvent fantasmé auraient pu engendrer l'une de ces désillusions dont on peine à se remettre. Mais le suspense ne va pas durer bien longtemps. Car on devine que Fear Is On Our Side sera conforme et même un peu plus que cela à nos désirs dès les premiers arpèges et le subreptice larsen de l'intro d'un The Ghost qui ne tarde pas à prendre rendez-vous avec l'éternité. On se rend compte alors que le quintette a choisi d'étoffer ses textures sonores. Qu'il ne rechigne pas à plonger en apnée dans un océan baigné d'une lumière bleutée. Qu'il aime à se draper dans un clair-obscur apaisant. Contrairement au titre qu'il a choisi, ILYBICD donne tout au long de ces douze chansons l'impression de jouer sans aucune appréhension, ni de la concurrence, ni des comparaisons. Il a métamorphosé According To Plan, un titre présent sur son second maxi dans une version ouvertement plus électronique et neurasthénique, en impi-toyable machine de guerre, ruinant en quelques secondes tous les efforts consentis par Interpol pour retrouver cette part de mystère si chère à certains groupes des années 80. Toutes guitares dehors, magnifié par une voix trou-blante, Lights procure l'ivresse d'un romantisme exacerbé alors que We Choose Faces se déploie avec une majesté à laquelle seuls les Doves nous avaient habitués récemment. Entre moments d'apaisement (Long Walk) et voyages au bout de l'... Inferno (At Last Is All), paysages crépusculaires (Last Ride Together) et rengaines entêtantes (If It Was Me), le groupe surfe avec une sobre élégance sur une new wave qu'on souhaite ne plus jamais voir se briser. Il ne reste plus main-tenant qu'à prier. Pour que Christian Goyer et ses compagnons préfèrent encore longtemps l'obscurité à leur bien-aimée. (Magic)
La formule magique d' "I Love You But I've Chosen Darkness" (ILYBICD) repose sur une recette relativement simple : des mélodies aériennes, éthérées, chantées par Christian Goyer, reposant sur un groupe très carré et en particulier une section rythmique dont la rigueur frise parfois la fantaisie militaire... La production de Paul Barker (ex-Ministry...) insiste en particulier sur l'aspect "années 80" de la chose : le chant enveloppé de reverb et les mélodies rappellent dans les meilleurs moments McCulloch et ses Bunnymen ou la douceur d'un Guy Chadwick, au chaud dans sa maison de l'amour ; dans les moins bons, on est plus proche du mainstream de ces mêmes années. Basse et batterie ne sont pas en reste dans cette évocation de la décennie la plus fascinante de Cure : la première, omniprésente, accompagne scrupuleusement les coups de caisse claire sonores et la rigueur métronomique de la seconde. Les guitares alternent arpèges légers et culturisme – se ménageant quelques montées en puissance intéressantes.

Sur le papier, la formule est donc intéressante (d'ailleurs, à quelques détails près comme la tessiture du chanteur, c'est la même que celle d'Interpol – groupe à qui l'on pense assez souvent en écoutant cet album). Dans les faits, le quintet d'Austin souffre un peu de la production XXL de Paul Barker qui veut faire sonner l'album comme celui d'un groupe de stade. Du coup, l'émotion que l'on devrait ressentir à l'écoute de ces chansons plutôt bien ficelées, glisse souvent sur cette carapace comme des gouttes d'eau sur la peau d'un crocodile. Finalement, les titres qui tirent le mieux leur épingle du jeu sont les moins calibrés : "We Choose Faces" et son intro "Today", qui s'étirent en tout sur plus de huit minutes ou "If It Was Me" laissent le temps à la mayonnaise de prendre et à l'auditeur d'être emporté ; de même, "Last Ride Together", en demi-teinte ne laisse pas indifférent. Mais pour nous conquérir tout à fait, on attendra de voir ILYBICD baisser la garde et donner toute la mesure de leurs morceaux, en allant les voir sur scène par exemple...(Popnews)


En 2003, un groupe au patronyme à rallonge faisait son apparition à Austin, Texas. On connaissait déjà And You Will Know Us By The Trail Of Dead, il faudrait désormais s’acoquiner avec I Love You But I have Chosen Darkness (ILYBICD pour les intimes). Leur premier EP éponyme fut produit par Britt Daniel de Spoon, une autre figure locale. Cinq titres pleins de qualités et de belles promesses et puis … plus rien. 

Trois ans plus tard le courant a été rétabli à Austin et 12 nouveaux morceaux sont là pour confirmer tout le bien que l’on avait pu entrevoir. Paul Barker (Ministry) est désormais aux manettes (producteur), la main sur l’interrupteur, pour plonger tout ce beau monde dans l’obscurité. Connaissant les penchants du bonhomme pour les ambiances dark/cold wave, mieux vaut garder les bougies à portée de main.
The Ghost se charge d’ouvrir l’album avec sa rythmique puissante, ses synthés exorcisants et la voix de Christian Goyer, le tout rejoint par des riffs acérés et un refrain répété tel un gimmick "I think about how I miss you… ". On se dit alors qu'on vient de prendre un aller simple pour les ténèbres.
La lumière semble ensuite revenir avec According to Plan et le bien nommé Lights pour ce qui sera une constante de l’album, c'est-à-dire un jeu d’ombres et lumière, une partie d’échecs musicale entre morceaux sombres et éclairés. Les influences des ILYBICD sont bien sûr nombreuses, de Cure période Carnage Visors (sur l’instrumental The Owl) en passant par Slowdive (We Choose Faces), Joy Division/New Order ou les débuts de U2 (At Last is All) mais leur touche personnelle est suffisamment importante pour qu’on de crier au plagiat. Hormis une petite baisse de régime en fin d’album vite rattrapé par un If It Was Me envoûtant, on tient là une des belles surprises de 2006, une de plus pour le label Secretly Canadian après l’excellent Antony and the Johnsons en 2005. Quitte à faire mentir leur patronyme, les I Love You but I Have Chosen Darkness vont cette fois-ci apparaître en pleine lumière, pour de bon on l’espère. (indiepoprock)

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le 28 févr. 2022

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