Quid de Melt-Banana en 2013? Les représentants les plus hystériques de la scène Japanoise (soit le Japon bruitiste, émanant depuis les années 80 avec des artistes comme Merzbow ou les Boredoms, dont j’ai parlé dans un article de Retrospecaféine), après un silence studio de 6 ans (le pas mal mais sans plus Bambi’s Dilemma, sorti en 2007), sortent leur septième album Fetch aujourd’hui sur leur label A-ZAP. Comme toujours, ce bordel noise kawai est géré par la chanteuse Yasuko Onuki et le guitariste Ichirou Agata, mais quelque chose a changé. Ils s’éloignent quelque peu de l’aspect pop qui se dessinait depuis leur entrée dans ce milliénaire pour donner plus de force et de riffing dévastateur à leur maelström sonore.
Bizarrement, cet album est clairement bordélique et presque punk. Pourtant, si Melt-Banana n’ont jamais été aussi accessibles que sur Fetch (la production est clairement meilleure et les riffs sont plus reconnaissables), ils n’ont jamais été aussi fidèles à leur musique hystérico-sautillante qu’ils explorent depuis leurs débuts, quand ils enregistraient à l’arrache dans des caves avec Steve Albini.
Ça a le charme d’un album de punk rock frais et puissant, l’étrangeté noise d’un album de garage et la joie communicative (quoique) que déployait And So I Watch You From Afar dans leur dernier opus. Le chant de Yasuko, généralement la chose qui rebute le plus les néophytes, est toujours ces glapissements mélangés à du chant qui donnent toujours une touche fantaisiste qui fait la particularité de Melt-Banana. Le jeu rempli d’effets bizarres de Agata n’a jamais été aussi puissamment ancré et élégamment dosé, plaçant là où il le faut les effets psychédéliques dont son pédalier anarchique seul a le secret.
De plus, ils reviennent à un enregistrement avec un batteur réel, alors que Cell-Scape et Bambi’s Dilemma étaient réalisés avec un programmeur de batterie virtuel. Et ça se sent, il y a une véritable vie dans la base rythmique. Le jeu de basse de Rika Hamamoto (complice de toujours des faits du groupe, même si elle ne prend pas part à la composition des morceaux) est solidement attaché à la batterie, et retrouve cette vivacité qui se perdait un peu dans Bambi’s Dilemma.
Les morceaux de Fetch ont une grande variété de ton, parfois effervescents (Infection Defective en tête), parfois d’une efficacité directe punkoïde à mort (Lie Lied Lies ou l’opener dantesque Candy Gun), parfois tenant du collage expérimental (Zero+, fascinant) ou parfois dans un penchant presque house et dansant (le déroutant closer Zero). Cependant, il y a quand même une cohérence dans l’ensemble qui dose parfaitement l’album et qui fait qu’il soit aussi réussi. Fetch rejoint par sa cohérence dans l’hystérie le meilleur album (de mon point de vue) de Melt-Banana, à savoir Charlie, sorti en 1999
Fetch est une folle aventure dans la musique de Melt-Banana, leur album le plus accessible mais aussi le plus fidèle à eux mêmes. Ils délivrent une musique rafraîchissante et bordélique. Une grande dose d’hystérie communicative et infectieuse. Et on en redemande. Encore. Et encore. Et encore.
WHOUHOU !