John Zorn - Filmworks XI: Volume One: Secret Lives (2002)
On le sait le travail de John Zorn donne lieu à de nombreuses productions, c’est un musicien très prolifique et sa soif de composer semble inaltérable, à tel point que ses œuvres sont souvent regroupées par thèmes, chaque volume s’intégrant dans un ensemble plus grand.
Voici par exemple "Secret Lives", le onzième volume des « Filmworks », comme le nom l’indique il s’agit de musique de film. La série des Filmworks est aujourd’hui achevée, elle compte désormais vingt-cinq volumes dont la publication s’est déroulée entre 1995 et 2013. Les "bande sons" ont été importantes pour John Zorn car elles ont généré des revenus (souvent petits) et lui ont permis d’enregistrer, le plus souvent avec un brio extrême, des musiques assez populaires, voire « mainstream » (ce qui ne veut pas dire au rabais), ça lui a également permis de faire travailler nombre de musiciens exceptionnels, comme ici.
C’est la musique d’un documentaire sur les « justes », ainsi nommés car ils sauvèrent, au péril de leur vie, des enfants juifs pendant la seconde guerre mondiale. C’est Aviva Slesin la cinéaste, elle et ses producteurs ont des idées arrêtées sur la musique qu'ils souhaitent pour le film, mais cela ne convient pas à John Zorn… Il a vu et aimé le documentaire, il se sent concerné jusque dans sa chair et il est rare qu’un projet lui tienne autant à cœur, il demande qu’on lui fasse confiance : il sait la musique qui tiendra le film.
Il fait appel au pianiste Jamie Saft et à son épouse Vanessa qui chante, ainsi qu’au « Masada String Trio » : Erik Friedlander au violoncelle, Greg Cohen à la basse et Mark Feldman au violon. Le volume est exceptionnel, servi par des musiciens qui réussissent à transmettre les émotions grâce à une sensibilité, une précision et une cohésion rare, on passe par le drame, la tristesse et l’espoir, des formes simples, classiques ou discrètement klezmer, vingt et un titres et autant d’occasions de porter les sentiments, les sensations et de sauver l’innocence perdue de l’enfance…