Finally Rich par popsi_netn

Je connais peu Chief Keef, ce premier album étant la première fois que je croisais le jeune rapper. Superstar dans sa ville natale, connu un peu partout aux US et relativement inconnu du reste du monde, on peut conclure que Chief Keef est un produit local avant toute autre chose. C'est à Chicago que ça se passe, avec tout son crew des Glory Boys, dans la violence (la musique de Chief Keef est associé à la recrudescence des fusillades et des meurtres de cette ville) et la drogue. Bref, un rapper pur jus. De moins sur papier...

Finally Rich, donc. Au titre bien choisi, signé sur Interscope à seulement 17 ans. Avec des titres tels que "Hate Bein' Sober", "Laughin' To The Bank" ou encore "Ballin'", on ne se trompe pas : c'est du gangsta rap, très clairement. Les beats suivent, violents, gras et taillés pour toute voiture un tant soit peu monté, les vitres baissées. Les invités sont bien sûr dans la même veine, on y croise entre autres Rick Ross, Wiz Khalifa, Young Jeezy et son comparse des Glory Boys Lil Reese. Deux surprises : 50 Cent - rare ces jours-ci mais tout à fait à sa place - et l'absence de 2 Chainz - on tient peut-être ici le seul disque rap de 2012 où il n'apparait pas !

Du gros gangsta rap, dégoûlinant de guns et de weed. Mais le principal intéressé, lui ? Chief Keef... Comme je disais, je ne le connaissais pas avant cet album, et, au moment d'écrire ceci, je n'ai rien entendu d'autre de lui que cet album. Faudrait que je me mette à ses mixtapes, car il est dur de juger le rap de ce Chief Keef. À l'époque, je trouvais à Lil Wayne une voix de crapeau, un rap du nez, un accent autant du sud que du sizzurp. Mais Chief Keef bat tous les records. Il marmonne des paroles inaudibles d'un bout à l'autre des 15 pistes, ses vocals mixés au même volume que l'instrumental, se noyant donc dans un "boom boom" incessant. On n'y comprend goutte, sinon que tous ses mots - vraiment, j'insiste, TOUS ses mots - finissent en "A": sosa, soba, lAk (like), Koba, etc. En fait, sa plus grande particularité est qu'il ne rap pas. Il marmonne, il chantonne, il chuchotte, il crie, mais du rap ? Pour ça, vaut mieux se tourné vers ses guests, les seuls qui donnent de vrais couplets sur Finally Rich.

Il semblerait néamoins qu'il rap sur ses mixtapes. Pour l'instant, j'ai peine à y croire. Lui, rapper ? Bah ! C'est qu'il n'en a pas besoin, sur ce disque. Malgré des beats aussi ronds que convenus, Chief Keef ammène un peu de fraîcheur dans ce style. Frais, mais pesant. Finally Rich est un calibre lourd, pas fait par un génie, pas fait pour l'art et sans doute pas non plus par passion, mais il frappe fort, très fort. Écoutez le "street single" "I Don't Like (feat. Lil Reese)", c'est purement jouissif. Chief Keef y déverse tout son fiel sur les "fake shoes" et les "fake niggas", nous ammenant peut-être l'une des meilleures "diss track" des dernières années. Un hymne de rue. "Kobe" est une autre chanson phare, où le jeune américain se prend pour Kobe Bryant.

En fait, tout est là: des gros beats bien pesant, juste ce qu'il faut d'invités et un style maîtrisé. Toutes les chansons ne sont pas bonnes et Finally Rich n'est pas un grand disque. Mais c'est un putain de coup de poing sur la gueule et comporte assez de bon moments pour tenir en haleine et faire le plein de vers d'oreille. Je ne lui demandait rien d'autre.