Terminal Boredom
En 1978 le punk est mort. Oui, déjà ! Les Sex Pistols, autant abhorrés qu'adorés ont déferlé sur toute l'île brittanique, plantant des graines ici et là, enflammant les esprits, jurant sur la...
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le 5 sept. 2014
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En 1978 le punk est mort. Oui, déjà ! Les Sex Pistols, autant abhorrés qu'adorés ont déferlé sur toute l'île brittanique, plantant des graines ici et là, enflammant les esprits, jurant sur la couronne sacrée de sa Majesté, mettant à mal une société sur le point de partir dans les tourments infernaux du capitalisme forcené de la Dame de Fer. En 1978, tout a déjà été fait.
Toutefois, la verve provocatrice de Johnny Rotten, redevenu John Lydon aura survécu aux Sex Pistols. Hors de question de s'arrêter en chemin. Après quelques semaines de vacances en Jamaïque, il fonde un second groupe, Public Image Ltd., dont il est question dans cette critique. Mais plutôt que de continuer dans l'impasse du punk, il va encore une fois de plus faire voler en éclats toutes les barrières et créer quelque chose d'encore plus immense et puissant que le punk.
À la fureur et au fracas, il va désormais préférer l'aliénation. À la manière de Nightclubbing ou de Mass Production sur l'album The Idiot d'Iggy Pop (sorti l'année précédente et produit par David Bowie, alors en plein travail sur sa trilogie berlinoise avec Brian Eno, excusez du peu), il va allonger les chansons, expérimenter, travailler et croiser les influences. Avec son nouveau bassiste Jah Wobble, avec qui il partage une passion pour le reggae, il va miser sur l'importance des basses, que les guitares acérés et les cris démoniaques de John Lydon vont venir endiabler.
Avec tout ça, Public Image Ltd. va relancer encore une fois la scène anglaise en initiant le post-punk. Cela donne des morceaux protéiformes et fascinants comme Theme, énorme morceau navire tanguant sous les ondes de choc de la basse, les cris et la folie bruitiste de Keith Levene, guitariste échappé des Clash avant qu'ils ne sortent un seul album, tandis que la batterie tonne comme les vagues s'écrasant sur le pont du navire. "I wish I could die... I wish I could die..." chante John Lydon, dément.
Au final, c'est la désillusion qui traverse tout l'album. Le punk est mort, les blagues sont finies. Dieu n'existe pas (Religion, Annalisa), le monde devient égoïste (Public Image, Low Life). C'est peut-être pour ça après tout que John Lydon n'a jamais cessé de se révolter et qu'il continue malgré tout de le faire, comme sur Attack où il hurle des provocations jusqu'à en perdre le souffle. Puis finalement, l'acceptation douloureuse dans la longue plainte reggae de Jah Wobble sur Fodderstompf...
Et tout cela, ce n'est rien comparé à l'album suivant, Metal Box qui va complètement renverser les standards, encore une fois, en transformant l'essai, et plonger un peu plus le groupe dans les ténèbres. En comparaison, First Issue est clairement inégal, mais il reste malgré tout un véritable plaisir transgressif et son importance n'est pas négligeable. En 1978, finies les jérémiades adolescentes, le punk est devenu adulte, et il n'a pas fini de faire parler de lui.
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le 5 sept. 2014
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