Justin Hurwitz fait cohabiter l’intime et l’historique, le tragique et le grandiose par l’utilisation tantôt séparée tantôt entremêlée d’un orchestre symphonique et de sonorités électroniques. La grande délicatesse du thème consacré à Neil, joué à la harpe ou à la guitare, se heurte ainsi aux percussions héroïques qui n’ont d’autre utilité, si ce n’est accompagner l’évènement, que de traduire musicalement l’enchantement (exemple avec « Docking Waltz » qui n’est pas sans rappeler l’enjouement de La La Land) suivi du désenchantement de notre protagoniste principal. Voilà pourquoi « The Landing », sublime piste d’action et de tension, ne recule devant aucun artifice grandiloquent : c’est l’état d’esprit dans lequel arrivent les cosmonautes, état qui marque la volonté qu’a un père de faire son deuil jusqu’à apercevoir, depuis la Lune, cet autre croissant qu’est la Terre, signe de sa quête infinie et gorgée de fatalité. Puis nous retombons dans le fragile. La bande originale de First Man brille de mille feux poétiques et épiques, capable de saisir dans une même portée la mission à caractère universelle et le combat personnel d’un homme qui s’envole pour, finalement, descendre au plus profond de lui.