Touche pas à mon despote !
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Townes n'en a cure du succès.
Le pognon qui dégueule de ses poches, les groupies qui viennent lui susurrer qu'il est merveilleux, la bouche en cœur et la main sur la braguette, les honneurs des salles gigantesques remplies de fans jusqu'à la gueule hurlant son nom étrange, ce n'est pas son moteur à lui tout ça.
Le pognon ça va-ça vient pense t-il. Les femmes il les aime, il en fait des chansons puis elles s'en vont, et les honneurs c'est pour les cons.
Ce n'est pas de cette essence là qu'il met dans son moteur fatigué Townes.
C'est un autre carburant qu'il absorbe, qu'il s'injecte, qu'il subit violemment dans sa chair.
De l'héroïne, du Whisky, du sirop contre la toux, de la Vodka et une bipolarité infernale, elle est là son essence.
Un mélange de mauvaise qualité qui ruinera petit à petit son moteur trop fragile.
Mais ce carburant diabolique est aussi ce qui le fait avancer. Une muse mortifère qui nourrit sa plume délicate et fait joliment glisser ses doigts sur le manche de sa guitare.
Flyin' Shoes sort de cinq années d'errances et de questionnement pour Townes.
Du fond de sa caravane sans eau, ni électricité, l'homme n'a pourtant jamais cessé d'écrire ( Beaucoup de chansons de Flyin' sont de 1973 et de l'album avorté 7 Come 11). Mais ses nombreuses addictions et son peu de goût pour la reconnaissance, l'isole de plus en plus et oblige producteurs et managers à lui forcer la main. (Main qu'il se cassera, d'ailleurs, dans un accident de voiture juste avant l'enregistrement de l'album.)
La voix qui résonne dans ce studio de Nashville n'est plus la même.
Quelque chose s'est brisé. L'homme a mûri, les utopies et les espoirs ont pris du plomb dans l'aile et la consommation frénétique de Vodka (un litre et demi par jour) se sont chargés d'ôter les plus jolies nuances de cette voix chaude et si particulière.
Mais derrière cette voix vieillie, désabusée, les textes restent acérés, merveilleusement travaillés. Les obsessions de Townes sont bien là et nourrissent encore ses lyrics.
L'immensité et la grâce de cette nature sauvage qu'il aime à décrire côtoient une humanité fatiguée et désenchantée avec des vers d'une violence sèche et d'une poésie crue ( Sur Dollar Bill Blues: " Mother was a golden girl, I slit her throat just to get her pearls.").
C'est une Amérique qui disparaît, qui s'efface dans la voix et dans les yeux de Townes.
Ses yeux las et embués qui ne voient plus aussi loin, qui ne perçoivent qu'une nature qui rétrécit et une humanité moribonde.
L'Americana mélancolique et désabusée d'un troubadour Country pour qui la musique n'est pas la recherche d'une gloire vaine, mais juste un gagne-pain, un mode de vie, un remède à la peur de la mort (Une des nombreuses phobies de Townes) et l’exutoire libérateur des obsessions artistiques d'un homme à fleur de peau.
Des Flyin' Shoes pour s'élever, pour s'envoler loin.
Laisser le sol aux hommes, aux ambitions et aux ronces.
Marcher au dessus du monde sans, hélas, parvenir à le quitter.
Tant pis.
Essayer alors, juste tenter de rester au dessus.
Ne plus redescendre.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes ♪♫...ZBN 2 . La bafouille Pop-Rock !...♫♪.............et Punk !..et Blues !..et Métal !..et Rap !..et Bossa ! et Criptyques Musicales
Créée
le 9 sept. 2015
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