Coup de maitre avant un coma de quinze années
Le Metal a de nombreux visages. Pour ceux qui ne sont pas (encore ?) initiés au metal ou à n'importe quel genre de Musique extrème, nous passons pour des cinglés, une secte d'adolescents ou d'anciens adolescents immatures en manque de violence, de barbaries et qui prennent plaisir à voir un autiste massacrer sa guitare pendant 2mn20. Les plus tolérants de ce peuple, qui portent un oeil critique à notre Monde, nous considèrent au mieux comme des amoureux ou des passionés, sans chercher à comprendre pourquoi nous le sommes.
Le Death Metal a évidement toutes les caractéristiques pour être, avec le Black, en première ligne pour se faire fusiller pas ces regards critiques. Ces derniers nous accusent de vouloir manger leurs enfants ! Comment ? Je leur réponds que le Death ne se limite pas à Cannibal Corpse et Deicide. Comment ? Ils ne me croient pas. Ni une, ni deux, j'enclenche la lecture de cette petite perle de Death Technique made in Miami : le bien-nommé Focus de Cynic.
En 93, deux albums cultes de Death techniques sont déjà sortis : "Unquestionable Presence" d'Atheist, et "Human" de Death (sur lequel le guitariste-chanteur de Cynic collabore avec Saint-Chuck). Les paroles deviennent moins gores et plus philosophiques, la Musique devient elle-même plus technique et les productions se soignent peu à peu.
Pourquoi "Focus" est-il accessible ? La voix tout d'abord. Paul Masvidal utilise un vocoder pour faire une voix en quelque sorte "robotisée", qui est entremélée avec une voix purement death. L'album est intense et court, et n'est jamais chiant ; La technicité est au rendez-vous mais pas l'ennuie.
Mais surtout, ça ne ressemble à aucun enregistrement Death. "Veil of Maya" et "Celestial Voyage" sont devenus des hymnes en ouvrant cet album de la plus belle des façons qui soit. L'instrumental "Textures" nous éclaire, avec son introduction qui reste gravée dans la tête, et sa basse qui fait des grooves sexy. "How Could I" clôt l'album de manière très réussie, par un solo de virtuose.
Trois titres seront rajoutés sur la remasterisation du skeud en 2004, mais ils n'atteindront pas la perfection de leurs ainés. Ils se rapprocheront plus de ce que proposera "Traced in Air", 4 ans plus tard.
Espérons que Cynic reviennent à ses racines technique / progressive / death sur un prochain opus... à condition qu'on attende pas encore 15 ans ! (oups, j'ai fait la même conclusion pour "Traced in Air". Je me fais vieux.)