C'est grâce à Carl Stephenson que vous connaissez Beck. En effet, sans lui, pas de Loser, et sans Loser, le charmant M. Hansen en serait probablement encore à traîner ses rouflaquettes dans les bars country du sud de la Californie. Passé l'anecdote, on est frappé par l'actualité du son de ce premier album achevé il y a trois ans, et conservé jusqu'ici dans les caves de Geffen suite à la dépression nerveuse qui s'est abattue sur Carl à la fin de l'enregistrement, et dont il ne s'est apparemment toujours pas remis. Forest For The Trees offre un hip hop lourd mais éclatant de vitalité, proche du trip hop mais caractérisé par des rencontres fracassantes avec des basses et guitares saturées, des sitars ou encore... une cornemuse ! L'incrédulité face à ce qui pourrait fort ressembler à un gimmick de plus disparaît dès l'écoute de Dream, single qui ouvre l'album, et dont l'efficacité est indéniable. En fait, ce retard est peut-être même une chance pour ce disque, certainement beaucoup plus accessible et évident à présent qu'il ne l'aurait été à l'époque de sa conception. On peut simplement se demander où en serait Carl Stephenson s'il avait continué sur sa lancée, tant rétrospectivement son approche du son, sa production, ses compositions et ses orchestrations étaient en avance sur leur temps. Et donc férocement d'actualité aujourd'hui. (Magic)