Bill Frisell – Four (2022)
On connaît Bill Frisell pour son amour de la musique jazz qu’il aime mélanger avec son autre passion l’Americana, les sons de sa guitare sont souvent légers, délicats et aériens, presque volatiles, pourtant sur cet album du confinement, parce que les circonstances le dictent, tout change !
"Four", car il forme un quartet, avec des musiciens réputés, Gregory Tardy est au saxophone ténor, à la clarinette ainsi qu’à la clarinette basse. Gerald Clayton est au piano, Jonathan Blake à la batterie et Bill aux guitares, acoustique, électrique et baryton, il compose également tous les titres. La formation ne comprend pas de bassiste.
Tout change il est vrai, la musique se fait grave, prend de l’épaisseur et martèle les accords dramatiques, particulièrement sur « Claude Utley » le second titre de l’album, qui évoque l’artiste défunt, disparu en deux mille vingt et un. Nous étions un peu prévenus dès le titre d’ouverture, « Dear Old Friend », écrit à l’intention d' Alan Woodward, un ami proche de Bill, parti, qu’il fréquentait depuis l’enfance, c’est un peu l’heure du bilan, de l’introspection.
Dans ce registre il faut également citer « Waltz for Hal Willner » qui évoque le producteur de Bill Frisell décédé du Covid en deux mille vingt, une courte valse triste en guise d’hommage. Pourtant Bill se veut à l’affût de l’espoir, en quête de renouveau, cherchant une lueur dans la nuit, la pièce « Lookout For Hope » se veut l’expression de cette recherche, un, titre qui baigne dans la mélancolie, mais qui pourtant ouvre une fenêtre et dégage un horizon…
Le blues est également présent, en toile de fond ou plus en avant, les musiciens accompagnateurs sont tous extraordinaires et, que ce soit Gerald Clayton ou Gregory Tardy, ils baignent dans ce climat et ressuscitent les musiques anciennes, ancrées dans les tréfonds de l’âme noire, même si apparaît de temps en temps une goutte d’Americana qui se rappelle à nos souvenirs.
Un album qui sort des sentiers battus, peut surprendre de la part de notre gentil lutin facétieux, mais qui nous offre une belle page de lyrisme, et d’ouverture musicale, et là, il était plutôt attendu…