Vaillance dans l'ombre d'un géant
Écouté en comparaison du Vvorld Vvithout End, cet opus décevra forcément. Beaucoup plus plan-plan et "rangé" que son prédécesseur (qu'on ne vienne pas me parler de chaos), à la limite du conventionnel, même (pour du Katharsis hein, ça n'en reste pas moins très au dessus d'une grande majorité de machins), et ce même si la démarche badassifiante à l'excès le Darkthrone d'Under A Funeral Moon demeure audible dès les premières secondes, encore que question jusqu'au boutisme on reste quelque peu en deçà du précédent. Mais las, écouté pour lui-même, cet opus (dont le titre me fît lire les paroles avec le préjugé d'une possible Geschichtsaufarbeitung de leur part, mais rien de tout cela ici) n'en reste pas moins assez perché, grâce notamment à quelques surprises : de cette voix androgyne/louche éclairant le leitmotiv de "So Nail The Hearts" d'une lumière blafarde au tapping final d'"Eucharistick Funereal" ainsi qu'au surprenant et ambient "Emeralde Graves", utilisant un genre d'orgue hammond (ou un synthé quelconque ?) pour renforcer la désolation de ses atmosphères venteuses (ouais, genre le vent qui poli vos tombes et les ruines d'un temple au voile déchiré), y a quand même des éléments propres à faire frémir et infuser un rien de nouveauté, même si on sent que les stigmates du VVE piquottent sans se ré-ouvrir pour autant (et ce, en dépit du fait que les instruments de torture utilisés restent peu ou prou les même, en terme de riffing rouleau-compresseur, confer "Reckoning"). Dommage que le début en mid-tempo assez redoutable de Sinn Koronation ne digresse en parenthèses inutiles, pour enfin se rattraper dans une accélération bien rentre-dedans comme seul Katharsis en a le secret, parachevé par l'intervention d'un long solo fluide venant d'une autre dimension (plus mélodique qu'à l'accoutumé, signé le mec d'Orlog) et d'une apothéose courte, mais pétrifiante de majesté. Un bon album, certes, mais sans la folie furieuse et hystérique de son prédécesseur. Katharsis coure toujours derrière après son chef d'oeuvre; ce qui ne l'empêche pas de faire du bon Black Metal.