Dans le genre annus horribilis, 2016 se pose un peu là, d’autant plus pour Mariusz Duda, bassiste et chanteur de Riverside et à l’origine du projet Lunatic Soul, dont ce Fractured est le dernier opus en date.
En effet, en plus de perdre son ami et complice Piotr Grudziński, guitariste de Riverside, il a également eu à faire face au décès de son père. Déjà que Lunatic Soul est un projet à la coloration musicale particulièrement sombre, mais le présent album est un exorcisme en nuances de noir.
Si on pose déjà que Fractured fait cinquante-cinq minutes, avec huit pistes dont plus de la moitié dépasse les cinq minutes – jusqu’à douze minutes pour « A Thousand Shards of Heaven » – c’est déjà un album conséquent, mais comme Lunatic Soul ne fait pas les choses à moitié, on a un ensemble particulièrement dense. Même un « Red Light Express », qui atteint à peine les six minutes, en paraît durer le double.
Musicalement, on a une base de rock progressif moderne, similaire à ce que fait Riverside, mais avec une touche plus personnelle, plus intimiste – sans surprise, la basse de Mariusz Duda est très présente – et avec en prime des expérimentations symphoniques et une touche électro qui parfois ramène l’auditeur à la new-wave des années 1980.
Aussi déroutantes que ces particularités puissent paraître, Fractured est un album remarquablement cohérent. La seule « fausse note », si vous me passez l’expression, est peut-être « Moving On », qui certes conclut l’album d’une manière positive, mais qui arrive après l’intense « Battlefield » et casse un peu l’ambiance.
Mais, même ainsi, Fractured est un album d’une intensité rare et, rien que pour cela, il mérite une écoute plus qu’attentive. Ce ne sera peut-être pas l’album de l’année (comme le fut à l’époque Impressions), mais ça reste une des meilleures galettes de rock progressif de l’année.