Keith Tippett's Ark – Frames (Music For An Imaginary Film) – (1978)
Après le grandiose Centipede, voici une nouvelle page en grande formation pour Keith Tippett. Ils sont vingt-deux musiciens réunis pour cette nouvelle aventure. Assez curieusement chaque poste est doublé, deux pianistes, lui-même et Stan Tracey, deux trompettistes, Marc Charing et Henry Lowther, deux chanteuses, Maggie Nicols et Julie Tippetts, deux bassistes, Peter Kowald et Harry Miller, Louis Moholo à la batterie et Franck Perry aux percussions…
Je n’en cite que quelques-uns à titre d’exemple mais on constate qu’une bonne partie de la scène free anglaise est présente sur ce magistral album, tout aussi grandiose que le fameux « Centipede » qui frappa les esprits. Alors c’est géant, massif, puissant, quatre parties sont enregistrées, toutes composées par Keith Tippett.
La première qui commence tout doucement s’achève de façon emphatique, ce qui n’est pas sans rappeler quelques souvenirs de Magma, particulièrement à cause des voix, bien qu’il n’y ait pas de sons électrifiés de ce côté, mais il est difficile de ne pas se sentir emporté par la vague puissante qui gonfle et emporte.
Il y a également des cordes, quatre violons, deux violoncelles et deux basses, ce qui peut fonctionner en sections, mais aussi en improvisations libres, bien réparties dans la formation. Ainsi les parties écrites, souvent collectives, laissent s’échapper de magnifiques saillies souvent transgressives et bien juteuses, il ne manque pas d’excellent solistes ici pour nous emporter dans des délires bien trippants.
Il y a également des moments calmes, presque folk, où les voix distillent de fines mélodies, comme au début de la troisième partie, des passages de cordes plus calmes et mélodieux où la trame orchestrale se laisse guider par les cordes. L’ensemble bâtissant une suite aux couleurs différentes et complémentaires, mais les passages calmes, souvent introductifs, sont préludes à des emballements plus massifs où la puissance orchestrale se manifeste avec autorité, libérant les forces obscures qui guettent… Comme dans la dernière partie où l’on trouve des moments particulièrement free et débridés !
L’album original était paru sur un double album vinyle chez Ogun, depuis il y a eu quelques rééditions en double Cd forcément moins coûteuses. Une sélection FjMt°.