18 avril 2017
Premier album des incrédibles Mothers et directement dans le mille ... on ne se lasse pas de ces chansons doo-wop déjantées, de ces morceaux acidulés sur fond de satire sociale agrémentés tantôt d'un kazoo hilarant, tantôt de vocalises frisant l'absurde.
L'album original était constitué de deux vinyles, le deuxième comportant 2 longs morceaux expérimentaux en partie constitués de percussions accompagnées d'ondes sinusoïdales et orgasmes féminins. Frank Zappa conseillait d'ailleurs de commencer l'écoute par ces morceaux et si vous résistiez à l'épreuve de continuer l'écoute avec le premier vinyle, sinon de brûler le disque et de vous servir des cendres comme baume pour guérir les cloques ...
Donnez-vous la peine de traduire les paroles, cela ne fera que décupler votre plaisir ... il est difficile de croire que 50 années nous séparent de ce chef d'oeuvre tant tout y est pertinent et réjouissant.
2 septembre 2021
Cela fait maintenant une quarantaine d'années que j'écoute régulièrement cet album, et j'ai l'impression, après une trentaine d'écoutes, de n'en avoir pas encore fait le tour tellement il est riche. On y trouve en condensé beaucoup des nombreuses facettes musicales de Frank Zappa. Le disque démarre d'abord par une parodie du rock mainstream, un rock dansant et psychédélique, ridiculisé par l'instrument hilarant par excellence, le kazoo (Hungry Freaks, Daddy), on retrouvera le même kazoo et la même parodie rock sur le morceau "Motherly Love". Le rock sera encore mis à l'honneur, ou au déshonneur sur 3 autres morceaux : "Who are the Brain Police?" qui nous propose un rock expérimental déjanté, "I Ain't got no Heart", où l'on peut apprécier un rock mâtiné de soul et "Anyway the Wind Blows" qui nous propose un rock mièvre façon Beatles. Déjà là, rien qu'avec ces morceaux-là, on touche à une pléthore de sons et de styles, mais tous parodiques, ce qui sera en grande partie la marque de fabrique de cet album.
Hormis le rock, il est un autre genre musical que Frank Zappa adore parodier, c'est le doo-wop et la chanson d'amour mièvre, et ici on sera servi : pas moins de quatre titres rentrent dans cette catégorie, chacun avec un style différent. "Go Cry on Somebody's Shoulder" est du pur doo-wop parodique, "How Could I Be Such A Fool", un slow langoureux ... bien évidemment parodique, "Wowie Zowie", encore du doo-wop, (faut-il encore le dire ?) ... parodique et finalement "You didn't Try to Call Me", une chanson d'amour ... parodique.
On a donc 5 chansons rock et 4 chansons d'amour traitant de manière légère de l'amour ou de problèmes individuels, qui seront suivies de morceaux plus sérieux traitant de la désillusion (I'm not Satisfied), d'une critique de la bourgeoisie (You're probably Wondering Why I'm Here) et du problème de société de l'époque : du racisme et des émeutes (Trouble Every Day).
Comme si tout cela n'était pas suffisant, l'album se termine par deux morceaux expérimentaux :
D'abord "Help I'm a Rock", sorte de récitatif de poésie sonore, où il mêle free jazz improvisé et scansion verbale, répétitive et où il va jusqu'à rendre un hommage à Edgard Varèse, un des grands innovateurs musicaux du XXème siècle. Puis un morceau volontairement inachevé mêlant manipulations sur bandes magnétiques, collages sonores, sons électroniques et autres borborygmes extatiques ... la boîte de Pandore est ainsi ouverte et nous comprenons qu'avec cet artiste tout sera permis, les frontières étant seulement celles de notre esprit.