Dès la sortie du premier album des Red Hot Chili Peppers, il était évident que le groupe avait du mal à réaliser quelque chose de qualitatif et dépit de son originalité. Leur premier album avait été un échec commercial et artistique, les relations avec leur guitariste étaient tendues, leur premier producteur ne comprenait pas leur vision, et les deux membres fondateurs, Flea et Anthony Kiedis, luttaient contre des problèmes de drogue. Bref, un beau bordel. Avec Freaky Styley, une amélioration significative se met en place, notamment avec l'arrivée de George Clinton à la production et l'arrivée du guitariste Hillel Slovak. Mais ce remaniement sera-t-il suffisant ?
Un nouveau départ : George Clinton à la barre
Pour Freaky Styley, les Red Hot Chili Peppers ont pris une décision audacieuse en se séparant de leur producteur initial, Andy Gill, pour faire appel à la légende du funk, George Clinton. Ce choix s'est avéré être une idée judicieuse. Clinton a apporté au groupe le son naturel et organique qui faisait cruellement défaut à leur premier album. Sous sa direction, le groupe a plongé encore plus profondément dans ses racines funk, enrichissant de nombreux morceaux avec des chœurs et des cuivres qui, loin de détonner, se fondent néanmoins harmonieusement dans l’ensemble. L'impact de cette nouvelle approche se fait sentir dès les premières secondes de Jungle Man, le morceau d'ouverture de l'album. Le son est plus rebondissant, plus musclé, et dégage une énergie qui était absente du premier opus.
Le retour de Hillel Slovak : une alchimie nouvelle
L'autre élément clé de cet album est le retour du guitariste fondateur, Hillel Slovak. Ce dernier, qui avait initié Flea à la musique rock et à la basse, réintègre le groupe après une absence remarquée lors du premier album, ramenant avec lui une nouvelle alchimie. Ses riffs sont minimalistes mais plus efficaces qu'auparavant, avec des solos inspirés par Hendrix, et des passages psychédéliques ajoutant une profondeur et une complexité qui manquaient à leur premier album. Pour parler franchement, nous sommes très loin de quelque chose d'exceptionnel mais comparé à l'album précédent, c'est le jour et la nuit. Flea, quant à lui, brille évidemment avec ses lignes de basse percutantes.
Une expérience musicale unique mais pas sans défauts
Freaky Styley est un album expérimental, imprévisible, et complètement déjanté. C'est ce qui fait son charme mais aussi son plus gros défaut. Des morceaux comme American Ghost Dance avec son ambiance old school hip-hop, ou The Brother's Cup et Yertle The Turtle témoignent de la créativité du groupe, mais aussi de sa versatilité. L'album manque de cohérence et d'unité, ce qui fait que l'on s'en lasse rapidement. Autre exemple, la chanson titre, avec son approche krautrock et ses éléments psychédéliques, est une expérience en soi, tandis que Battle Ship alterne entre punk hardcore et funk, créant un mélange explosif. Individuellement, les morceaux ne sont pas mauvais, mais en tant qu'album, c'est une tout autre histoire.
Autre défauts, les paroles de Kiedis sont particulièrement immatures sur des morceaux comme Sex Rap ou Catholic School Girls Rule et montrent les limites du chanteur à cette époque. Son flow s'est considérablement amélioré par rapport au premier album, et sa performance reste globalement solide, c'est indéniable, mais son style décalé et humoristique ajouté à des paroles d'une grande banalité fait perdre à l'album sa crédibilité.
Conclusion: beaucoup mieux, mais dispensable
Freaky Styley est un album chaotique et déstructuré. Il instaure l'essence même des Red Hot Chili Peppers : une énergie brute, une créativité débordante, et une attitude très personnelle qui faisait cruellement défaut à beaucoup de groupes de rock mainstream. Il ya du progrès, mais il reste encore loin d'être un bon album.