From the Lions Mouth est sans doute l'un des meilleurs albums de The Sound. En effet, l'album est beaucoup plus cohérent que le précèdent, très bien produit et plus mature. Jeopardy frappait déjà fort mais celui-ci encore plus. On a presque parfois l'impression d'un groupe tout récent. Un mélange des Cure, de Joy Division, du U2 des débuts.
Il y a de très bonnes mélodies portées par une basse, des nappes de synthés discrètes et quelques très bons passages à la guitare. Adrian Borland chante son désespoir, son rapport difficile aux autres et à lui-même, à l'être aimé avec des textes efficaces et marquants.
Citons Winning qui est magnifique, les paroles mélancoliques de Silent Air (apparemment un hommage à Ian Curtis), l'introduction de Skeletons, la sublime outro de Judgement (j'en redemande), la progression musicale de New Dark Age etc ... Pas le moindre déchet sur cet album.
L'album est acclamé par la critique comme le précèdent mais le succès commercial n'est malheureusement pas au rendez-vous.Pourtant selon Borland, c'est l'album le plus commercial du groupe. The Sound sera ensuite comparé injustement à Joy Division. Selon moi, les deux groupes sont très différents. Joy Division est beaucoup plus expérimental grâce à Hannett, beaucoup plus emphatique, tragique et brutal. Borland a une voix très différente de Curtis beaucoup moins grave. Le registre est totalement différent même si nous sommes bien dans les deux cas dans du très bon post-punk.
Le label de The Sound produisait aussi IanMcCullogh d'Echo and the Bunnymen mais le groupe n'a jamais atteint le succès des Bunnymen. Leur label ne les mettait pas en avant. A travers différentes interviews, j'explique ce manque de succès en parti par le physique ingrat de Borland qui n'incarne pas le poète maudit comme Curtis ou le joli garçon tourmenté comme McCullogh. De plus, le groupe n'était pas dans les circuits indépendants et a sans douté été boycotté et réduit à une sphère d'adorateurs très réduite. Un documentaire sera normalement bientôt disponible en vidéo sur Borland.
Aux mauvaises langues qui prétendent que le suicide génère le succès, Borland se suicide en 1999 en se jetant sous un train à cause de problèmes mentaux et sûrement aussi à cause du manque de succès commercial et le groupe reste toujours aujourd'hui injustement dans l'oubli Forcément, l'écoute est différente quand on connaît cette information mais suicide ou pas, le groupe est excellent et aurait mérité au moins un succès. C'est le lot d'autres groupes comme The Chameleons malheureusement.
RIP Adrian Borland, tu as été mangé par les lions que sont les producteurs, les deux Ian majeurs du post-punk, l'industrie musicale et l'image physique.