Future Me Hates Me
7.1
Future Me Hates Me

Album de The Beths (2018)

Louée soit la douce période de l’adolescence, bénis soient les délices qu’elles procurent à ceux qui la traversent. Grande est la récompense des disciples (ados) prêchant sa parole sacrée ("Vous pouvez pas comprendre, d’t’façon vous me saoulez tous dans cette famille tsé" Evangile de Kev Adams verset 5), car ils goûteront aux joies incomparables de la sainte Trinité de l’adolescence : première pelle, première cuite, première branlette (parfois même simultanément).


Nous portons tous un regard à la fois tendre et méprisant sur cette période où sentiments, émotions et pilosité sont décuplés.



  • Je n’embrasse plus avec la langue, mais rien ne sera jamais aussi
    fort que mon premier palot baveux.

  • Je n’écoute plus Green Day, mais rien ne sera jamais aussi intense
    que la première fois où j’ai écouté American Idiot.

  • Je ne tape plus "femme nue" dans la barre de recherche pornhub,
    mais rien ne sera jamais plus jouissif que ma première éjaculation
    pornographique.


C’était bête mais tellement bon, beau mais tellement con. Ne restent plus que des souvenirs épars dans ma tête de JCDD (J eune C adre D ynamique D ésabusé). Agrémentés de quelques regrets, également. Peut-être n’ai-je pas assez profité, après tout.


C’est donc avec plaisir que j’ai accepté récemment l’invitation d’un groupe néo-zélandais à replonger en acné dans le monde merveilleux de l’adolescence.



Pinky punk



Et il suffit de les regarder pour s’en convaincre : ils sont timides, un peu bizarres, mais attachants et mignons comme tout ! Leurs airs de geek extravertis renvoient d’ailleurs directement à l’esthétique nerd rock de Weezer.


Musicalement, le trio kiwi lorgne aussi vers la power pop 90s des Californiens, en y incorporant des éléments de pop punk et de l’indie rock du début des années 2010. Sur le papier, l’équivalent d’un mélange nutella-krema-nuggets : il y a belle lurette que ces aliments, autrefois caractéristiques de mon alimentation quotidienne, ont déserté le champ de mes papilles. Alors, quant à en faire un sandwich…


Mais les trois néo-zélandais ont plus d’une corde à leur arc, et ont parfaitement su intégrer leur patte dans un genre pourtant riche en clichés et en redondances. Des riffs de guitare hyper entraînants accompagnés d’une section rythmique simple mais efficace, servent de support à la voix frêle et légère de la chanteuse Elizabeth Stokes ainsi qu’aux harmonies vocales très rétro-kitsch des autres membres du groupe.


Et c’est bel et bien sur la section vocale que The Beths tire son épingle du jeu. Si les thèmes abordés sont extrêmement classiques pour le genre (amour, doute, sorties…), leur interprétation remplie de candeur, de timidité mais aussi et surtout d’un enthousiasme extrêmement contagieux, vous fera invariablement sourire et secouer la tête au gré des morceaux. Et même si le concept s’essouffle un peu sur les deux, trois derniers morceaux de l’album, ceux-ci ne sauraient effacer l’écrasante majorité d’excellents moments que j’ai passés aux côtés de mes nouveaux kiwi buddies.


Je conclurai cette critique sur une anecdote : J’ai eu la chance de voir The Beths jouer en première partie de Death Cab For Cutie au Trianon le 2 Février 2019. A la fin du concert, en bon hipster parisien des familles, je suis allé acheter leur vinyle et échanger quelques mots. Manque de chance, je n’avais plus de monnaie sur moi. Ce à quoi la chanteuse Elizabeth m’a répondu le plus naturellement du monde “No problem, I’ll give you our paypal references and you can pay us later if you wish”. Avant d’ajouter en riant devant ma mine perturbée par pareil procédé: “You could basically steal this record if you wanted!”. Comment dit-on déjà… How sweet !


PS : Pour les parisiens intéressés, The Beths jouera au Supersonic le 21 mai 2019. Super salle, super groupe, et entrée libre, vous n’avez aucune excuse. A plus dans l’bus.



  • En quelques mots: La bande-son de ta nouvelle crise d’adolescence

  • Coups de cœur: Great No One, Future me Hates me, Not Running,
    Little Death

  • Coups de mou : River Run : Lvl 1

  • Coups de pute : RAS

  • Note finale : 7+

JLTBB
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 7 févr. 2019

Critique lue 91 fois

1 j'aime

JLTBB

Écrit par

Critique lue 91 fois

1

D'autres avis sur Future Me Hates Me

Future Me Hates Me
IssyMediatheques
8

Coup de coeur d'Issy

Les nouveaux chouchous de l'internationale pop sont néo-zélandais (ce qui n'étonnera personne) et se sont formés au cours de leurs études de jazz (ce qui est déjà plus surprenant). Elizabeth Stokes...

le 24 oct. 2019

Du même critique

Aller-retour
JLTBB
4

Rosé pamplemousse en soirée rooftop

Vendredi 6 juillet 2015, 18h32, Paris XVIème. Jean-Kévin finit d’ajuster sa ceinture tressée autour de son chino pourpre. Une forte odeur de musc imprègne sa chemise en lin blanche, comme pour mieux...

le 15 juil. 2019

26 j'aime

2

Sex in the City
JLTBB
3

Avant, j'aimais bien Lorenzo. Puis j'ai eu 13 ans.

Ce mec, c'est comme ton pote qui te tape sur l'épaule opposée pour te faire retourner dans la mauvaise direction. Ou qui te répète pour la quinzième fois la blague du nain qui prend la tête. Ou qui...

le 28 août 2019

17 j'aime

Music to Be Murdered By
JLTBB
3

Le petit Slim Shady a été retrouvé, il attend ses parents en caisse 18…

Eminem nous fait une Benjamin Button : à 47 ans révolus, le rappeur de Detroit n’a jamais semblé aussi proche de sa crise d’adolescence. Il gesticule, s’énerve, semble en vouloir au monde entier dès...

le 18 janv. 2020

15 j'aime

7