2021 : nouvelle balise après mutation

Cela fait plusieurs mois que je pense de façon séquentielle à l'écriture de ma première critique, cependant jusqu'à maintenant je n'ai pas trouvé l'oeuvre providentielle qui me permettrait de traiter d'un objet culturel récent et lié à mes grands classiques musicaux et littéraires.


Quand le 11 juin 2021 le nouvel opus de l'oeuvre monumentale de thiefaine est annoncé, il m'a semblé tout à fait naturel que ce soit cet album qui me serve de première critique. Mais malgré mon écoute très rapide du projet ( le 8 octobre, jour de sa sortie ) j'ai jusqu'ici eu la fainéantise de réaliser cette critique : voilà chose faite !


Cet album contient 12 titres, dont 3 singles ( "page noire", "du soleil dans ma rue" et "la fin du roman".) Il est encore une fois co-produit par le fils d'Hubert, Lucas, dont j'ai beaucoup moins apprécié le travail que sur le précédent projet. L'ambiance est très électro, bercée par les synthés et ( malheureusement ) les batteries électroniques assez cheap.


Le premier titre, "du soleil dans ma rue" a une sonorité assez agressive, un tantinet reggae, et j'ai à la fois une certaine affection et un agacement pour sa musicalité. La voix d'HFT est étrange, mais le texte ( comme tous ceux de l'album ) est excellent. On y trouve une référence à Johnny Hallyday, chanteur ayant marqué Thiéfaine dans sa jeunesse (c'est de lui que vient la phrase "dans la poussière les bras en croix.") On passe ensuite à "page noire", premier single de l'album et morceau fleuve de 7 minutes. Franchement je l'adore. C'est un grand fouilli textuel et musical, désespéré, nostalgique, et sublimé par une excellente musique et un solo de saxophone charmant. Beaucoup plus sombre que son prédécesseur "du soleil dans ma rue", le texte utilise le chant lexical de l'apocalypse biblique. Arman Méliès, compositeur du morceau, est vraiment un arrangeur exceptionnel et ça se voit de suite. On notera l'ambiance jazz du morceau. La première face se termine avec "Fotheringhay 1587" ode mélancolique à la reine écossaise mary stuart. C'est un titre extrêmement réussi, bien écrit mais surtout très touchant dans son refrain. C'est encore une fois un morceau assez nostalgique, le registre musical est d'ailleurs fortement classique.


l'album bifurque sur un morceau très joyeux et dynamique, la fin du roman ( dernier single de l'album.) C'est réussi, ça tabasse, et le texte est beaucoup plus léger et moins académique que les précédents, mais il ne me marquera pas plus que ça.
Ensuite j'ai pas aimé "nuits blanches", Némésis pop de "page noire" sans ses accents jazz. J'ai trouvé ça plutôt chiant, et ce à cause de la musique de Lucas. C'est musicalement très brouillon, et si c'est sympa par moment, ça ressemble bien plus à de la mauvaise drill qu'à du Thiéfaine.
"Prière pour Ba'al Azabab" est quand à lui un morceau très intéressant, avec son ambiance orientale et la musicalité envoûtante de son refrain. On reviens ici sur un thème beaucoup plus sombre, avec ces références démoniques et blasphématoires.


La deuxième partie de l'album est entamée avec "Eux". C'est une des bombes atomiques de cet album, j'adore le dynamisme de ce morceau, son rythme entraînant à la "Cure" et son côté plus rock que les précédents titres. Son message anti-comformiste n'a d'ailleurs que pu me réjouir.
"Reykjavik" est ensuite un morceau assez moyen : je trouve l'ensemble intéressant mais l'intonation de Thiéfaine agaçante. Dommage, c'était vraiment assez bien parti.
"Vers la folie" est un morceau excellent, il y a une ambiance glauque troublante et très prenante. Le texte aide à cette immersion. J'aime la montée en puissance de la musique et des paroles : c'est juste magistral.


"L'idiot qu'on a toujours été" est aussi un morceau assez moyen… je n'ai rien de plus à dire dessus.
En revanche "combien de jours encore"  est un très beau morceau qui parle de mort de façon assez douce et calme. C'est touchant, je le mettrais dans mes chansons préférées de l'album. C'est encore une fois une composition de Arman Méliès (tiens tiens !)
"Elle danse" n'est pas non plus un morceau spécialement intéressant, et même si il est sympathique c'est un assez mauvais titre de clôture.


En conclusion j'ai trouvé l'album suffisamment bon pour ne pas être déçu, l'ambiance est chouette, les textes tous géniaux, et la musicalité parfois très bonne et parfois assez fade. Cela dépend des compositeurs impliqués, car oui excepté "elle danse" thiefaine n'a pas écrit de mélodie.
L'ensemble a aussi le mérite d'aller encore une fois hors des chantiers battus, que ce soit dans l'utilisation de la voix ou dans les techniques musicales.
L'artwork est quand à lui excellent, les couleurs sont très belles et la calligraphie aussi. La statue de thiefaine transpirant de bile noire est une image assez efficace que j'apprécie.


Et oui, réjouissons nous : thiefaine n'est pas mort et toujours prêt à en découdre.

spalabaga
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le 19 nov. 2021

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