Chronique : Snot-Get Some (1997)
"Fuck the record, and fuck the people !"
C'est par cette exclamation un brin adolescente que commence la tuerie. Brisé par la mort de son chanteur, Lynn Strait, dans un accident de voiture un an plus tard, le groupe ne donnera jamais de suite à ce percutant premier effort, malgré une tentative de reformation autour d'un nouveau frontman en 2008.
En 1997, le neo-metal est en pleine explosion et il est difficile de dénombrer les groupes se revendiquant de cette mouvance qui m'a fait connaître mes premiers frissons musicaux. Avec le recul, bon nombre d'entre eux sont passés à la trappe et je n'en écoute plus guère aujourd'hui. J'ai connu Snot il y a deux ans seulement, bien après que l'estime que je pouvais porter au neo se soit évaporée une fois mes premières tablatures décortiquées guitare en main. Depuis, j'ai eu beaucoup de mal à vibrer à nouveau pour ce style de musique, même pour des groupes que j'adorait ado (je pense notamment à Chocolate Starfish and the Hot Dog flavoured water, du biscuit mou) et plus jamais pour une nouvelle formation s'en inspirant. Et puis il y a eu Snot.
Déjà, Get Some, ce n'est pas tout à fait du néo. Pas vraiment de scratch et encore moins de machines, mais cette même colère un brin dépressive et vaine tout à fait typique de cette époque. Sincère, comme celle de Korn et de Limp Bizkit sur leurs premiers albums, même si Fred Durst avait dès le début tendance à pratiquer l'esbrouffe, on était encore loin de Result May Vary.
Passons.
Get some, donc, n'est pas tout à fait du néo (est-il possible encore de définir précisément le néo-metal d'ailleurs ? System of a Down et Slipknot vraiment ont-ils pratiqués le même style de musique ?) mais il en reprend certains éléments. Musique rageuse, guitares hurlantes et groove affirmé, sans oublier la voix rocailleuse de Lynn Strait, qui semble toujours proche de se péter les cordes vocales pour de bon. On peut également penser à Rage against the machine par moments, les lignes de basse se déclinant souvent en riffs distordus. "Snooze button" en est le parfait exemple et il suffit d'écouter ce morceau monstrueux pour se laisser convaincre que Get Some, même 15 ans plus tard, vaut le coup d'être entendu. Dans la même veine, "The Box" et son refrain dantesque ne démérite pas.
Notons que le disque est généreux, proposant pas moins de 15 pistes dont la durée dépasse souvent les trois minutes. Parmis ce bordel sonore, le groupe ne se cantonne pas à répéter la même recette groove/hurlements pendant une heure, bien au contraire. On trouve des morceaux bien plus rock'n'roll voire punk dans l'esprit, comme "Joy Ride" qui n'est que pure énergie bien américaine ou "Deadfall" et son délire au banjo.
Si le groupe se plaît tout au long de disque à faire exploser les décibels, de nombreux passages très ambiancés parsèment l'album (le combo "313" et "Get Some") sans rien entamer de sa cohérence. Alors, évidemment, on sera tentés de zapper certaines pistes, plus ou moins anecdotiques lors des premières écoutes, pour se repasser en boucles les perles que sont les "Snooze Button", "Snot" et autres "The Box" mais on se rendra bien vite compte de la qualité de la plupart des chansons proposées, même les plus immédiates, comme "Mr Brett", qui sont si bien exécutées qu'on finit par s'y attacher tout autant.
Il faut dire que la sincérité du groupe semble réelle, il envoie valser tout ce qu'il rencontre avec un instinct bien trop brutal pour être calculé.