Ou pas def !
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A l’annonce du titre, Gore, nous pouvions nous attendre à une boucherie. Un disque qui renvoie les Deftones à leur glorieux passé, à cette fougue Néo indomptable qui les caractérisait sur Adrenaline et Around the Fur. Mais cette nouvelle galette va se révéler beaucoup moins malléable et beaucoup sinueuse que prévue. Depuis quatre ans et Koi No Yokan, les gros de Sacramento n’avaient donné aucune nouvelle. Sauf par le biais de side project ou à travers l’hommage au défunt Chi Cheng grâce à la magnifique chanson « Smile ». Acte d’émotion sincère qui renforcera l’idée que l’album Eros ne verrait jamais le jour. Et ce n’est peut-être pas plus mal et montre encore plus la dignité artistique d’un groupe, qui malgré ses multiples mésententes, force le respect. Ainsi Gore est le nouvel opus d’un groupe qui n’a plus rien à prouver, étant l’un des seuls visages du Néo Métal des années 90 à gagner en longévité grâce sa capacité à se renouveler et embraser plusieurs genres, que cela soit le Métal ou la New Wave, autant influencé par Meshuggah que par Depeche Mode. Et pour vendre ce nouvel album, les Deftones balance « Prayers-Triangles ».
Comme premier single, on est loin d’un « Leathers » ou d’un « Rocket Skates », mais plus dans la lignée mélodique et envoutante d’un « Hole in Earth » où la voix de Chino Moreno courbe parfaitement l’échine pour se fondre au riff entrainant de Carpenter et à l’inclinaison électronique de Delgado. D’ailleurs, ce n’est pas une simple coïncidence, car Gore se présente comme l’album le plus ambigu et le plus énigmatique depuis le sublime Saturday Night Wrist. Gore dessine ses contours avec minutie, prend du temps à faire éclore ses soubresauts et est flamboyant de détails parcimonieux. Non pas que les Deftones perdent tout contact avec la rage ni avec une énergie bourrine (« Geometric Headdresse »), il n’y a qu’à écouter « Doomed User » qui dans sa structure distordue au couplet ravageur et à la rythmique saccadée se rapproche d’un « CMND/CTRL » dans sa conception heavy presque binaire et jouissive typiquement Deftonienne.
Et en fin de course, la bande à Chino fracassera tout sur leurs passages avec le titre éponyme et un groove incroyable qui renvoie au chaos sonore d’un « Korea », en un peu ankylosé par les années. Deftones reste Deftones et le style intelligible du groupe est bel et bien présent, un groupe de rock à l’écriture riche notamment par l’écume d’une atmosphère céleste, hypnotique, faite d’éclair de violence et de douceur mélodique, de guitares qui s’envolent, d’architectures aussi simples que travaillées, comme le prouve l’une des meilleures chansons de l’album « Rubicon » et son refrain aussi fédérateur qu’intimiste ou l’inquiétant et sombre « (L)MIRL ». Mais comme le laissait présager Saturday Night Wrist, le patron du groupe est Chino Moreno et ses influences sont encore plus démonstratives que celles des autres membres du groupe. Alors que SNW était perçu comme un album de Team Sleep notamment à l’écoute de moments épurés tels que « Pink Cellphone », Gore voit la contribution de Chino et Isis (Palms) se faire sentir dans ses consonances post rock (« Heart/Wires ») et dans l’office d’une production moins lisse et fine que Koi No Yokan, plus abrupte et grasse comme l’était Diamond Eyes.
A l’image des similitudes entre « Acid Hologram » et « Risk » dans la lourdeur des riffs caressés par la fragilité vocale de Chino Moreno, Gore s’époumone peu et traverse l’esprit par son ambiance nocturne et garde ce je ne sais quoi de mystérieuse grâce aux paroles toujours aussi réflexives de Moreno et par cette magie hallucinatoire de rock aérien à la A Perfect Circle. Deftones reste toujours un groupe difficile à catégoriser, qui expérimente ses tonalités, affine sa hargne . C’est aussi cela qui fait toute la singularité du groupe qui sait aussi très bien émouvoir à travers de magnifiques ballades mélancoliques ou moments de bravoures (« Phantom Bride » et sa fin à la « Beware »). Comme énoncé Gore n’est pas une boucherie. Mais une tuerie de plus dans l’escarcelle d’un groupe qui n’a pas fini de me faire rêver.
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Créée
le 17 avr. 2016
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