Bon, c’est pas tout ça d’écrire des sujets qui font exploser mes stats, il est temps de retourner à mon anonymat habituel en reprenant les chroniques de rock progressif avec Grace for Drowning, le dernier album de Steven Wilson. Je dois avouer ne pas être un fan absolu de l’animal et être un chouïa agacé par sa tendance à participer dans mille douze projets à l’intérêt modéré, c’est pourquoi j’appréhendais un peu ce disque.
Contre toute attente, j’aime bien. Oh, le rock progressif sombre et mélancolique, en grande partie instrumental de Steven Wilson n’est pas exactement original – plus depuis quinze ans, lorsque Porcupine Tree, son groupe, a commencé à percer – mais il faut reconnaître qu’il fait bien les choses et que les deux CD de cet album contiennent un lot plus qu’honorable de mélodies de haut vol.
Passée une intro presque oubliable, l’album enquille l’instrumental « Sectarian », puis « Deform to Form a Star » et « No Part of Me » comme à la parade, trois titres torturés, mais qui pourtant coulent de source. On pense bien sûr au porc-épic épique (et colégram), mais également aux Grands Anciens (oui, avec majuscules; ceux qui connaissent sauront pourquoi) King Crimson et Van der Graaf Generator.
En fait, le génie de Wilson sur Grace for Drowning est qu’il arrive à enfiler des morceaux comme la ballade douce-amère « Postcard » au final symphonique et les compositions atmosphériques sombres au possible de « Remainder the Black Dog » tout en restant cohérent avec lui-même. Et que dire de « Index » ou de l’énormissime « Raider II », vingt-trois minutes d’un hommage ultrabarré à Van der Graaf Generator, saxophone schizophrène inclus!
Si j’étais médisant, je dirais que ce n’était qu’une question de statistique avant qu’il y ait, dans la production pléthorique de Steven Wilson, un album qui me plaise. Je me contenterai de dire que Grace for Drowning est de la très bonne came; sans doute pas mon album de l’année, mais une double galette fort plaisante.