Grievous Angel
6.8
Grievous Angel

Album de Gram Parsons (1974)

Le mythe Parsonien est quelque chose de dur à attaquer, et il est évident ici que peu importe les termes ou expressions employées, mon amour pour cette œuvre grandiose ne serait pas rendu tel qu'il est. Mais, un hommage peut-être tenté.


Déjà, Parsons qui est cet espèce d'OVNI pour la culture française nourrie à Aznavour, Balavoine et Brel ? Ou alors aux grands classiques du rock (Queen, Beatles, Doors,...). En effet la Comsic America Country, comme IL aimait à l'appeler, est restée peu connue outre-Atlantique, quand cette dernière est au panthéon des albums les plus importants des 60's et 70's au pays du Pygargue. Le mythe Parsonien débute en 1947 à Winter Haven, en Floride, oklm, le petit Parsons naît dans une famille bourgeoise. Le mec a le numéro "III" après son prénom, un vrai roi. Mais, hélas, comme dans chaque mythe rock n roll, il faut du drame. Son père meurt quand il a 11 ou 12 ans en se faisant sauter le caisson et sa mère suit quelques années plus tard par le biais de la bibine. Il est en partie élevé par Mamie Parsons (voir Hickory Wind), et durant son adolescence s'achète sa première gratte. Fin heureux, il se met à jouer et à vagabonder, jusqu'à donner des petits cours de guitare de rue, qu'il continuera après son entrée à l'université. En 1963, avec ses potes ils forment un groupe, les Shilos, groupe locale, ils jouent dans des bars, des salles de concerts du coin et facultés, en allant tout de même jusqu'à New York, en 1965, ou ils s'installeront, avec sa petite amie de l'époque. Ils ne connaitront pas un franc succès, mais avec l'héritage de sa noble famille, il n'a pas de bile à se faire. En 1966, il fait sa demande à Harvard ou il sera accepté mais se fait (probablement) chier et quitte après un semestre.


Le Lonesome countrymen part pour Los Angeles et la légende peut commencer.


S'ensuit International Submarime Band, Byrds, Flying Burrito Brothers, Fallen Angels et la collab avec Emmylou Harris dans sa carrière "solo". Je vais pas tout détailler, on est pas sur une page wiki. Ici, on va parler du pourquoi du comment de cet album. Grievous Angel a déjà eu bien plus de succès que GP, son premier album solo. Sortie posthume quelques mois après sa mort, il venait tout juste d'achever cette grandiose pièce. L'album est impecc. Les arrangements des potes de son ancien groupe des Burrito, la voix d'Emmylou Harris sur le tube Love Hurts et sur pléthore d'autres morceaux était faite pour se marier avec celle de Gram. Sincèrement, leurs chœurs sont angéliques. Return of the grievous angel, ballade de cowboy texan (ou californien c selon) est trop belle, Love Hurts est le tube qu'on ne présente plus, plus connu grâce à Nazareth, qui ont fait une belle reprise, plus soft rock, mais ne valant pas la somptueuse teneur country de l'original. In my hour of Darkness, conclut parfaitement l'album et est totalement poignante, message de paix et de vision divine, spirituel et édifiant. ET BORDEL CE MEDLEY TOUT DROIT SORTI DE LA PLUS PROFONDE CONTREE DU PARADIS. Autant la partie country honky tonk est surtout drôle et enjoué, mais le faux live d'Hickory Wind (les gens qui gueulent et les bouteilles qui cassent, c'est ses potes qui font les jerks, bah ue) est juste sublime. Le morceau sonne encore bien plus juste que dans la version des Byrds. On est comme happé par l'esprit méridional américain et les verdures de Floride ou Caroline, ou bien par l'hommage poignant qu'il fait à son enfance dans la belle Amérique profonde. Hearts on Fire est le beau lovesong classique, rien à redire. I can't dance et Las Vegas sont de très cools morceaux à ne pas dénigrer, plus country que rock, esquissant une légère et un peu simplette satire des cabarets ou dance halls de la bourgeoisie bling bling ricaine. Et là vienne, LES PERLES.


Brass Buttons et 1000$ Wedding. Trop beaux pour exister, ces country pop songs, sont, pour le premier une odyssée dans l'univers des sandales en cuir et des poneys coureurs de vaches dans la poussière, le second est une chanson triste, parlant d'un mariage qui tourne mal, ou plutôt d'une histoire bien plus triste, mais je ne spoilerai pas les lyrics, assez singulier dans leur fond.


Bref, après un name dropping plutôt chiant, parlons de l'album en lui-même. Bla bla c bo, bla bla les arrangements sont cools, ok d'acc, mais surtout l'album touche quand on connait la mort tragique de Parsons, mort d'une overdose de morphine mélangé à de l'alcool, et brulé par le fait que complètement rapta il a laissé sa clope faire cramer sa chambre d'hôtel au Joshua Tree. Mais, selon les dires de ses proches, le jeune bg allait de mal en pis, moins d'enregistrement qu'avant, carrière moins prolifique, il sombrait dans l'alcool et l'héro petit à petit, ce qui ne serait probablement pas arrivé (ou pas) sans notre fidèle increvable ami Keith Richards, grand pote de Parsons à qui il doit l'influence country de certains morceaux comme Sweet Virginia, Far Away Eyes, Dead Flowers, etc...Et avec qui il a fait plus que de passer du bon temps, le paroxysme est que la copine de Richards à l'époque (Pallenberg, peut-être, je sais plus et j'ai la flemme d'aller vérifier) a dit à Parsons lorsqu'il créchait lui aussi à la Villa Nelcôte qu'il bringuait trop et qu'il ferait mieux de déguerpir. Le comble, la meuf qui engendre une relation avec un des plus gros héroïnomanes, dit à un de ses potes qu'il ferait mieux de se barrer. Et oui, l'hédonisme de Parsons lui aura couté sa vie. Malgré beaucoup d'amis, surtout une grande amitié avec Kaufman qui ira jusqu'à déterrer illégalement sa dépouille, parce que Parsons, peu de temps avant sa mort, lui avait dit de faire ainsi pour l'enterrer au Joshua Tree, une place qu'il chérissait particulièrement comme bien d'autres artistes, pour son calme et ses espaces verts mêlés au désert, il fût avant tout une âme mélancolique en proie à une sombre nostalgie qui ne le lâchait pas, et il était très sauvage, selon Nancy Ross, sa supposée dernière compagne, il se recroquevillait sur lui même de plus en plus, et chérissait la tequila plus que jamais, déjà à 26 ans, il n'était plus l'ange qu'il était au début, mais bel et bien le Grievous Angel.


Merci à toi, mon pote, de m'avoir accompagné de ta musique si belle, dont au final, j'ai peu parlé ici, mais, ehe, comme dit au début, je ne m'attarderais pas sur les expressions, toutes trop faibles, pour raconter cette excursion musicale aussi inoubliable que la scène de Monument Valley dans Easy Rider.


Et comme dirait Dennis Hooper dans Easy Rider : "It's cool man". Un truc que Parsons n'aurait pas réfuté.

PaulClair
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le 1 nov. 2018

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