Serait-il possible d'accorder davantage de reconnaissance au talent exceptionnel de Tommy T. Baron, le guitariste du groupe suisse Coroner ?
Pour sa maîtrise technique et la fluidité de son jeu, mais aussi (surtout ?) pour ses capacités de compositeur et d'arrangeur. Doté d'un style unique et reconnaissable, il captive l'auditeur en seulement quelques mesures. Il sait créer des ambiances lourdes, des textures atmosphériques, ainsi que des riffs tranchants et accrocheurs. Cet homme est doté d'une vision peu commune dans la scène metal.
Grin, le cinquième album studio du groupe sorti en 1993, est probablement leur opus le plus abouti. Même si chacun de leurs disques possède d'indéniables qualités, les sonorités, les textures et les arrangements très soignés confèrent à cet album une ambiance sombre et envoûtante.
Sans vouloir remettre en question les compétences de ses collègues (Ron Royce à la basse et au chant si charismatique, Marquis Marky à la batterie qui à l'intelligence de penser son jeu et ne pas bavarder), c'est le guitariste qui rayonne par sa polyvalence et ses interventions inspirées. Le virtuose ne met jamais sa maîtrise en avant au détriment de la puissance émotionnelle de ses riffs. Ses solos sont des œuvres au service de la chanson, et non un simple passage obligé. Impressionnants, habilement construits, ils n'hésitent pas à incorporer des éléments de jazz, de musique classique et de metal industriel.
Grin représente un véritable chef-d'œuvre du genre, dont la valeur devrait être, elle-aussi, davantage célébrée. Alors que de nombreux groupes de thrash se contentent alors de reproduire les codes du genre, Coroner a pris des risques en incorporant des influences diverses à sa musique, ce qui donne à l'album une identité propre. Grin est un album résolument avant-gardiste, et mérite pleinement sa place dans les annales du thrash metal européen.
Il sera le dernier disque du groupe qui se sépare durant l'année 1996, avant de reprendre les concerts en 2010. Depuis, un nouvel album est (enfin !) annoncé. Tous les fans de metal non paresseux en trépignent d'impatience.
PS : ultime preuve que ce guitariste n'est pas reconnu à sa juste valeur ? Il n'a même pas une fiche Wikipedia à son nom. La loose 2.0.