J’ai pas l’habitude de faire les choses à l’envers, mais avec Dinosaur Pile-Up j’ai eu tendance à remonter le temps. Bon, pas de beaucoup, leur debut album dont il est question ici date de 2010. Avant ça, un EP timide mais encourageant ; après, un chef d’œuvre qui a déjà fait l’objet d’une critique. Mais revenons donc à nos moutons électriques.
En 2010, Dinosaur Pile-Up n’est pas encore tout à fait un groupe à part entière. C’est avant tout un frontman, Matt Bigland, surdoué de la musique qui se lance seul dans l’écriture, la composition et l’enregistrement d’une galette aux allures d’hommage à ses pères spirituels. Grohl, Cobain et les autres semblent hanter un premier album encourageant mais véritablement enraciné dans ses accents grunge.
Bigland rentre direct dans le lard. Birds and Planes et Barce-Loner annoncent la couleur : ceux qui croyaient avoir trouvé la révélation folk de l’année peuvent retourner épater les gonzesses sur la plage, ici on déménage des canapés d’angle à coup de pelleteuse. C’est la substantifique moelle de Growing Pains autant que son talon d’Achille : cet album est là pour nous mettre la patate, pour nous botter le cul jusqu’à Seattle, quitte à se répéter au gré de titres haletants joués sans répit le potard sur 11.
On appréciera ici la place laissée par Bigland aux ponts, dont le rôle de tremplin est parfaitement maîtrisé et nous offre une bulle d’oxygène dans ce rush effréné : c’est le cas sur Never That Together, Love To Hate Me et surtout Broken Knee, qui brille par son travail sur les chœurs. Growing Pains puise dans ces trouvailles mélodiques pour trouver son équilibre, et nous faire passer une première moitié d’album inspirée mais poussive.
C’est à partir de l’hymne My Rock’n’roll que la mayonnaise prend. Les titres s’enchaînent avec une puissance constante, tantôt sautillants (Maybe It’s You), tantôt sous stéroïdes (Traynor). Dinosaur Pile-Up s’y construit tranquillement une identité, s’appuyant sur les solides acquis de ses aînés pour nous délivrer l’uppercut qui manquait à la scène alternative actuelle. Bigland se permet une ballade à l’outro intéressante (Hey You) avant de nous achever sur la larsénique All Around The World (et puis merde, j’invente des mots), qui clôt l’album sur une belle promesse en live.
Une chose est sûre, si Bigland continue de creuser son propre sillon en laissant parler sa verve mélodique plus que ses influences encore trop présentes, alors oui, je le suivrai tout autour du monde.