Le grand retour est annoncé ! Trois ans après la sortie de l'excellent "Whole Lotta Red", Playboi Carti surfe sur un nouvel esthétisme avec la sortie de 4 tracks, dont un feat avec Travis Scott. Le rappeur exploite sa voix grave alternative, affrontant la haine qu'il a reçue tout au long de sa carrière, en particulier pour son timbre aigu caractéristique. En plus de repousser la négativité, "H00DBYAIR" sert de toile à la croissance personnelle de Carti. Ce lancement d'album apparaît comme un véritable virage dans la carrière de Jordan Terrell Carter. Sa capacité à créer un univers à part entière est phénoménale. Sur une production maléfique de Cardo & Onokey, le jeune vampire prends son envol vers les cieux tel Nosferatu.
L'ensemble des singles met en lumière l’appel et la tragédie de Playboi Carti. Nonobstant, il reflète non seulement la culture d’Atlanta, mais également de la jeunesse dans son ensemble. Il y a une forte véracité dans les thèmes abordés que ça soit la violence, le traumatisme, la dépendance et les tendances autodestructrices. Les auditeurs de rap, parfois jeune, gravitent autour de ces derniers, laissant ce genre à la dérive d'une industrie sans conscience. Sa consommation de drogue, en particulier avec le lean, a toujours été un élément essentiel de sa musique. Ce qui est fortement regrettable quand on voit comment elle a évolué au sein de nos sociétés. Ce n'est pas l'apologie de la drogue qui me dérange, mais le traitement médiatique que les industries en font. Il faut quand même garder en mémoire que ce n'est pas un phénomène nouveau. Du temps de DJ Screw, la lean y était déjà valorisé et mis en relation dans le processus créatif. En somme, il suffit d'observer la normalisation des opiacés dans la culture musicale. Ils sont toujours glorifiés et fortement référencés à ce jour, même dans des endroits comme en France. Je ne m'appuie sur aucune analyse sociologique, mais il serait intéressant de comparer l'usage de la drogue et la consommation des auditeurs afin d'observer la moindre corrélation. Cependant, son attrait pour la drogue s’est quelque peu estompé, préférant se focaliser sur des sujets plus profonds et personnels. C’est pourquoi j’apprécie que son album s’intitule "I Am Music", tant pour l'influence qu'elle génère que pour son aliénation (Oui, la musique peut avoir une mauvaise influence sur vous. Tout est une question de neurologie). L’art reflète le temps et est acteur de celui-ci. En somme, ce lancement d’album est plus que prometteur et révèle une hype bien présente.
Affaire à suivre de très près..