Hal
7.3
Hal

Album de HAL (2005)

Parce qu'ils ont grandi non loin de Dublin mais qu'ils ont la West Coast attitude, parce que leurs guitares sont plus bronzées que leurs bras, leurs c(h)œurs plus ensoleillés que leurs cieux, les jeunes et méconnus Irlandais de Hal vont forcément être comparés aux plus populaires et plus vieux Thrills. Les deux groupes partagent en effet un sens de la mélodie et une éducation musicale de qualité. Tous deux sont diplômés d'une école imaginaire dont les instituteurs porteraient des noms en "on" (Harry Nilsson, Brian Wilson, Van Morrisson) et le proviseur un nom en "or" ? Phil Spector. Et il pourrait être fier en entendant le dernier single de ses jeunes élèves, le lumineux Play the Hits. C'est le diptyque Sunflower et Surf s up des Beach Boys qu'on reconnaît dans ses arrangements incroyables et son patchwork de chœurs éclatants ? il suffit de fermer les yeux entre la quarante-et-unième et quarante-huitième seconde du morceau pour se retrouver dans un bac à sable avec Brian Wilson. Plus loin, c'est le fantôme d'Emitt Rhodes, donc de McCartney, qu'on entend planer sur Keep Love as Your Golden Rule, un titre bouleversant, exalté par une production chaude et rare, qu'on retrouve également sur le premier single. Entendu il y a déjà un an, l'impeccable Worry about the Wind ? un hommage à Rick Danko du Band ? avait déjà suscité de folles espérances. Retrouvé aujourd'hui en plein milieu de l'album, il est la cerise sur le gâteau, le coulis dans la faisselle. Si, en anglais, Hal ne signifie rien, c'est néanmoins le nom qu'avait donné Kubrick à l'ordinateur de son 2001 : L'Odyssée de l'espace en remontant d'un cran dans l'alphabet chaque lettre du sigle IBM. Dans le film, l'ordinateur prenait alors le pouvoir sur l'humain. Dans le disque, la musique fait exactement la même chose.(Inrocks)


Les conditions météorologiques en Irlande il y a un quart de siècle ont dû faire de sacrés ravages. Feux de forêts ou pénurie d'eau, il est libre d'imaginer tous les dégâts collatéraux entraînés par cette hypothétique canicule. Comme, par exemple, les inclinations futures des The Thrills et Hal pour les côtes ensoleillées de la Californie. Chez les premiers, le voyage s'est réalisé jusqu'à l'oubli. Il reste heureusement initiatique et idéal pour les seconds. Peut-être David et Paul Allen entendaient-ils l'écho d'un Pacifique lointain, charrié par les vagues qui frappaient délicatement les rivages de leur fief maritime abandonné, Kiliney. Ou peut-être ont-ils su instinctivement qu'ils en étaient les héritiers. C'est plus vraisemblablement cette dernière option qui leur a suggéré ce nom de baptême à tiroirs multiples. Hal comme Hal David, parolier surdoué et autre moitié de Burt Bacharach ou Hal Blaine, batteur de session auprès des plus importants artistes 60's américains (d'Elvis à Spector) mais aussi Hal, ordinateur pervers de 2001, Odyssée De L'Espace de Stanley Kubrick. Hal, aussi, comme diminutif d'Hallelujah ou comme prénom d'origine galloise signifiant rivière salée... Qui sait les sens cachés qu'il recèle encore ? La réponse, bien sûr, tient dans cette musique vitale qui emprunte un peu à tous ces univers. Ces artisans d'une pop aussi délicate qu'accessible convoquent en effet bien des fantômes au chevet de leur premier album : Neil Young, omniprésent dans les moments les plus folk, de Keep Love As Your Golden Rule à I Sat Down, et Phil Spector, croisé par l'entremise de castagnettes et roulements de tambour familiers sur l'essentiel single Play The Hits. Et bien sûr, les Beach Boys. Des Beach Boys auxquels on aurait retiré les tics vocaux pour ne préserver que les ambitions symphoniques (My Eyes Are Sore) et digressions instrumentales rétrofuturistes (What A Lovely Dance). Sans jamais tomber dans la surenchère de cordes et cuivres, la brillante production d'Ian Stanley (un cousin de Bob, sûrement ?) dissémine ses trouvailles par touches discrètes pour ne jamais précipiter les mélodies dans la mièvrerie ni étouffer la subtilité d'harmonies infinies. Rien ne vient jamais troubler l'équilibre de cette ode quasi-religieuse à la joie et au recueillement, c'est-à-dire au paradoxe de l'amour. Emmené par le falsetto du sublime David, on s'enfonce dans un rêve moelleux défiant les lois de la pesanteur, où des jeunes filles en minijupes 60's danseraient éternellement sur le plateau de Ready Steady Go! tandis que les garçons passeraient leur temps à les regarder en battant la mesure du hit Don't Come Running. En plus d'avoir écrit la plus belle chanson du monde, Worry About The Wind, Hal dévoile une autre de ses pépites, l'inusable Fools By Your Side, pierre de plus dans cette troublante collection de déjà classiques. "Quelle est la profondeur de l'Océan?", s'interrogeait Brian Wilson sur 'Til I Die, avant que son frère Dennis n'aille y chercher une réponse tragique. Vu le trésor qu'ils sont à deux doigts de trouver, nos amis devraient très vite le savoir. (Magic)
Pfff. Il y a des disques qu'on aimerait aimer, et, on a beau essayer, rien à faire. Exemple avec cet album des Irlandais de Hal - en référence à l'ordinateur de "2001, odyssée de l'espace" ou à en hommage à Hal David ? -, annoncé ça et là comme la huitième merveille du monde, toute droit sortie de la cuisse de "Pet Sounds", pas moins. Les écoutes successives se soldent par un sentiment ambivalent : si l'ensemble se laisse agréablement écouter, s'assortit bien à la saison, pris un par un, la plupart des morceaux semblent bien vains. Malgré ses constructions mélodiques ambitieuses et sa production - signée Edwyn Collins (message personnel : Edwyn, remets-toi vite !) - loin d'être ostentatoire, au risque de la platitude à la longue, ce disque donne parfois l'impression à l'auditeur qu'il vient de tomber sur un nouveau Wet Wet Wet ou un équivalent contemporain (Travis...) comme sur "What a Lovely Dance", "Satisfied" ou "Coming Right Over", ballades plutôt ratées, à la limite du mièvre, plutôt que sur des sauveurs de la pop raffinée millésimée sixties.

Sur la longueur de l'album domine l'impression que ces garçons se bornent à de complaisants exercices de style - un petit coup Motown par-ci, une grosse allusion West Coast par-là - comme seul moyen de démontrer leur talent. Restent deux excellents titres, que quelques écoutes font vite rentrer dans la caboche et siffloter sous la douche : l'efficace "Play the Hits", sur les traces de leurs compères The Thrills, avec plus de personnalité peut-être (ou de moins grosses ficelles), ou le délectable "I Sat Down", dont les enchaînements et les parties vocales évoquent, bizarrement, Kate Bush. D'ailleurs, ce premier album me fait au moins autant penser aux tenants de la pop sucrée (voire hypercalorique) un peu prog des seventies comme Supertramp (désolé...) qu'aux Beach Boys et autres fines lames sixties. Au final, ce disque se laisse agréablement écouter. Mais ce n'est pas vraiment un compliment.(Popnews)

bisca
7
Écrit par

Créée

le 28 mars 2022

Critique lue 4 fois

bisca

Écrit par

Critique lue 4 fois

Du même critique

Le Moujik et sa femme
bisca
7

Critique de Le Moujik et sa femme par bisca

Avec le temps, on a fini par préférer ses interviews à ses albums, ses albums à ses concerts et ses concerts à ses albums live. Et on ne croit plus, non plus, tout ce qu'il débite. On a pris sa...

le 5 avr. 2022

3 j'aime

Industrial Silence
bisca
8

Critique de Industrial Silence par bisca

Vocable à résonance latine et nom espagnol donné à l'Aurore, Madrugada est pourtant un quartette norvégien... Il faut donc chercher ailleurs pour en trouver le sens et l'on découvre immédiatement des...

le 5 avr. 2022

3 j'aime

Santa Monica ’72 (Live)
bisca
7

Critique de Santa Monica ’72 (Live) par bisca

Ça commence avec la voix du type de KMET, la radio de Santa Monica qui enregistre et diffuse ce concert de Bowie, le 20 octobre 1972. « Allez hop on va rejoindre David Bowie qui commence son concert...

le 27 févr. 2022

3 j'aime