Gato Barbieri / Dollar Brand Jazz Duo – Hamba Khale! (1968)
Voici un album, sorti en 68, assez particulier dans sa forme. Tout d’abord il possède deux noms, « Hamba Khale! » son nom original, qui est moins connu que son nom d’emprunt « Confluence », il existe également sous le nom d’« Alone Together », mais c’est plus confidentiel. Ensuite c’est également la valse des pochettes, il en existe au moins une dizaine, toutes différentes, selon les éditions et les époques.
Ceci étant dit l’album est somptueux, il célèbre la rencontre entre le saxophoniste Argentin d’origine italienne Gato Barbieri, et le pianiste Sud-Africain Dollar Brand qui deviendra Abdullah Ibrahim, on le voit, rien n’est simple. Pourtant, il y a une certitude, cette musique est évidente, forte et puissante. On y trouve ce qui fera de Gato Barbieri l’un des plus grands saxophonistes de la période, très expressif, viscéral, puisant à la source de Coltrane.
Cet enregistrement témoigne de cette facette-là. « The Aloe and the Wildrose » est un pur déchirement, une sorte de lamentation qui s’étale, béante. Dollar Brand, qui souffre hélas d’une prise de son un peu trop éloignée, réussit par son jeu à maintenir une tension palpable. Il joue également du violoncelle dont le son concourt grandement à la gravité de la pièce. Le très court « Hamba Khale! » d’inspiration Sud-Africaine termine cette première face composée par le pianiste.
La seconde face est dévolue aux compos du saxophoniste qui se composent d’une suite de deux mouvements, le premier se nomme « To Elsa ». Il est dévolu dans un premier au piano de Dollar Brand, puis, au seul saxophone qui improvise une longue introduction, prélude à « Eighty First Street ».
Ce dernier titre est à nouveau renversant, Dollar Brand joue une sorte de psalmodie qui évolue avec une infinie grâce au fil du morceau, tandis que Gato fait gémir et pleurer son saxophone, le tandem nous donne à entendre des sonorités venues des quatre coins du monde, on connaît le goût de Barbieri pour le registre le plus aigu de son instrument et la splendeur des motifs créés par le piano de Dollar Brand, les deux se conjuguent avec une très grande complicité et nous offrent un album référence.