Handwriting par bisca

Après le choc Happiness de Sébastien Schuller, le mois dernier, voilà un prolongement idéal d’un disque surgi de nulle part, comme baigné dans un liquide amniotique (Megans Present). Il est l’œuvre de Connor Kirby-Long, alias Khonnor, un Américain encore mineur qui vient de signer un disque presque majeur, quelque part entre AR Kane, Mugison et Slowdive. D’ailleurs, l’antépénultième titre, Screen Love, Space And The Time Man – plus Slowdive, tu baisses la tête en regardant tes chaussures –, participe du revival shoegazing dont on vous causait également dans notre précédent numéro. Quand il chante, Connor emprunte les mêmes vocalises vaporeuses que le Neil Halstead de la grande époque Creation (Megans Present). Quand il joue de la guitare (Dusty), c’est en égrenant fébrilement des accords acoustiques qui ne sont pas sans rappeler le jeu de l’Autrichien Fennesz. À l’instar de Jimmy LaValle, l’homme de The Album Leaf, Khonnor partage cette appétence pour les mélodies sous-marines (Crapstone), sans jamais s’approprier le chant du cétacé dont Sigur Rós s’est tristement fait la spécialité.À l’occasion, le jeune homme du Vermont marie l’évidence pop à la contemplation telles que ne les renierait pas un pensionnaire de Morr Music (A Little Secret). Difficile donc de résister à pareil album, dont les écoutes répétées ou aléatoires peuvent susciter autant d’invitations aux songes (The Stoned Night) que de siestes flemmardes (Phone Calls From You). D’ailleurs, les effets panoramiques de certains instrumentaux pourraient se marier idéalement sur grand écran. Handwriting ou la marche en avant d’un futur empereur(Magic)

Khonnor a 17 ans. Attention, vous ne rêvez pas, et si vous écoutez ce « Handwriting », vous vous frotterez sûrement les yeux longtemps. Ce jeune américain de 17 ans a sorti l’un des plus bels albums de l’année. « Handwriting » (sorti sur le surprenant label Type Records) vous emmène dans une autre dimension. A 17 ans, on peut jouer tous les après midi à la playstation 2 ou on peut composer des chef d’œuvres junior. Khonnor a choisi la seconde option. Sa musique est l'équilibre parfait entre electronica et folk américain teinté d'ambiances pop plus faciles. Sa guitare sèche et son laptop en mains, il a du mettre sa vie entière dans ce disque admirable. Penser que ce jeune homme n'a même pas encore passé le bac provoquerait des crises d'angoisse à bon nombre de musiciens. Car les textures sonores de Khonnor sont parfaites, elles sonnent parfaitement bien. Impossible de déceler dans ce disque des signes de jeunesse, ou des erreurs à corriger. Tout est bel et bien à sa place...Sans en faire trop, ou pas assez, il crée un univers bien à lui, qui mélange les styles pour donner un album bâtard. "A little secret" pourrait même être un single... C'est pour vous montrer qu'il y a tout sur cet album : la classe, les chansons à guitares en bois, les expérimentations électroniques, les boite à rythmes originales... En bref, bravo Khonnor, on a envie d'imaginer les disques qu'il sortira dans quelques années...(liability)