Jehan l'advenu*

Harakka Bialoipokku de Pekka Pohjola, c'est certainement pour moi la découverte musicale de l'année.
C'est d'abord une pochette d'album, distinguée au milieu d'un amas de CDs étalés vaguement sur une vieille bâche en plastique bleue par un vendeur bourru dans un vide-grenier où j'ai eu l'idée d'aller. Le nom me plaît, avec toutes ses sonorités nordiques et ses doubles "k", la pochette aussi avec son étrange pie sortie d'un œuf : je l'achète pour trois francs six sous. Tant pis pour la musique qu'il contient, me dis-je, cet album fera au moins joli parmi les autres (car je suis un esthète, le saviez-vous ?).

Puis à la première écoute, dès "Alku", premier morceau de l'album - qui avec son seul piano intrigue déjà et annonce la suite - on ne peut que se sentir emporté par ce mélange jazzy-rock prog assez indescriptible mais terriblement envoûtant. Pas de paroles, pas de chant, juste ces cuivres parfois dissonants et pourtant si harmonieux, un piano, une basse, une guitare, quelques percussions et c'est la Musique qui jaillit.

Dans ce tout qu'est Harakka Bialoipokku, à l'écoute duquel on peut reconnaître en Pohjola un disciple de Frank Zappa, trois morceaux se distinguent :
- "Ensimmäinen aamu" qui dès le deuxième morceau de l'album donne le ton, semblant ne jamais vouloir s'arrêter, emporté par ses cuivres, et dont la "mélodie" vous restera longtemps en mémoire.
- "Sekoilu seestyy", dont le début rappellera aux amateurs de DJ Shadow "Midnight In A Perfect World" (Pekka a donc au moins résonné aux oreilles de quelques privilégiés ailleurs qu'en Finlande).
- "Elämä jatkuu", conclusion parfaite d'un album si peu (re)connu.

Pohjola ne se contente d'ailleurs pas d'être un (très) bon compositeur mais montre aussi ses talents de véritable bassiste, celui qui peut faire de cet instrument trop souvent accompagnateur un véritable instrument de premier plan, comme dans "Hereilläkin uni jatkuu".

Un album qui s'améliore au fil des écoutes et qui trouvera, je l'espère, de nouveaux adeptes.

Comme quoi la musique des années 70, même en Finlande, ça avait de la gueule !

*Pekka en finlandais est m'équivalent de Jean en français

La playlist youtube de l'album, à (ré)écouter : https://www.youtube.com/watch?v=mYTdz7p34fE&list=OLAK5uy_kK4c95S-WgJJAWjLez1EJgx4t6jCpUHso&index=1