Sur son premier album éponyme de 2017, Harry Styles est arrivé en mode cosplay d'auteur-compositeur-interprète. Désireux de se débarrasser de son passé de boy-band, il a enfilé une guitare acoustique surdimensionnée et s'est transporté dans les années 1970. L'album est arrivé en tête des hit-parades mais s'est vite évanoui. Il n'est donc pas surprenant que ce troisième album privilégie le son de Fine Line, son successeur de 2019, multiplatine et lauréat d'un Grammy Award : des grooves chauds des années 80, du yacht rock coupé et des paroles qui parlent de sexe, de drogue et de vin cher.
Sur les 13 titres de l'album, pas un seul moment n'est gaspillé, qu'il s'agisse du single principal As It Was ou de la souplesse pop de l'excellent Late Night Talking. Daylight et Satellite, quant à eux, se pavanent autour de mélodies frétillantes soudainement ponctuées de crescendos prêts pour le stade. Même le rustique Boyfriends, qui se prête à l'écoute de Fleet Foxes, semble avoir le pied léger.
Comme pour ses deux précédents albums, Harry's House est cependant parfois handicapé par ses paroles. Des chansons telles que Keep Driving comportent des mélanges de mots dénués de sens ("Cocaine, side boob, choke her with a sea view"), tandis que l'euphémisme Cinema ("You pop when we get intimate") s'emmêle les pinceaux pour ne pas dire sexe. Il s'agit de petits détails, car en fin de compte, Styles s'intéresse davantage à l'ambiance qu'aux détails. Avec Harry's House, il a créé un endroit accueillant où séjourner.