Les Eagles Of Death Metal, plutôt que d'être un groupe à part entière, ont plus souvent donné l'impression d'être une blague. Side-project du charismatique Josh Homme, cette étiquette ne fait que les mettre dans l'ombre des Queens of the Stone Age, à côté desquels ils apparaissent surtout comme un groupe de seconde zone, qu'on écoute une fois et basta. Le côté amusant volontairement donné à leur musique n'aide pas plus l'auditeur à prendre le groupe au sérieux (le nom de leur groupe en témoigne). Et de ce fait, les deux premiers albums -aussi sympathiques soient-ils- avaient vite fait d'ennuyer, la même recette étant inlassablement appliquée à chaque morceau.
Loin de moi l'idée d'affirmer que les choses ont changé avec cet album. Sans être fondamentalement différent, Heart On surprend par une certaine ouverture d'esprit de la part du leader des Eagles, j'ai nommé le moustachu Jesse Hughes.
Les premières secondes de "Anything 'cept The Truth" ne trompent pas : avec ces riffs rock'n'roll bien gras et ces rythmiques qui font taper du pied, le style de Jesse Hughes est reconnaissable entre mille. Mais au fil de l'écoute, on ne peut que constater une évolution : moins fou mais plus riche et varié, l'album présente également un son plus lourd avec une basse qui se fait davantage entendre que sur les précédents opus. Ce détail -aussi petit soit-il- ajoute directement bien plus de poids à leurs compositions.
L'instrumentation est plus réfléchie (choeurs, synthés, etc.) et Jesse n'hésite plus à démontrer qu'il a du talent pour créer des riffs entêtants. Ceux-ci sont plus mis en avant ("Heart On", "Wannabe in LA").
"I'm Your Torpedo", qui conclut l'album, en constitue la preuve : rythme implacable, deux basses mises en avant, et la voix presque en arrière-plan.
Dans sa globalité l'album adopte un ton moins décalé et porté sur le délire, mais le rockeur roux y fait preuve d'une plus grande maîtrise de sa musique, d'une plus grande assurance, voire d'une certaine maturité. Il possède une ambiance particulière, qu'on peut qualifier d'électrique au son des guitares grésillantes. Le premier avantage qu'on en tire : les Eagles Of Death Metal semblent trouver une nouvelle voie, prendre une personnalité qui leur est propre. Et leurs mélodies, moins pompeuses, s'avèrent bien moins lassantes.