TRANS MISSION RÉUSSIE
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(Ceci n'est pas une chronique du disque, mais d'un des concert de la tournée supportant celui-ci)
Pendant les années 90 jusqu’au début des années 2000, j’ai dû voir The BellRays au moins cinq fois. Lors de leur passage au Bateau Ivre à Tours en ce mois de novembre 2024, je me demandais quelle était la qualité actuelle du groupe. C’est vertigineux de revoir sur scène un groupe que j’ai tant apprécié plus de deux décennies plus tard. Allais-je assister à un show en mode pilotage automatique ?
Pendant le morceau introductif "C’Mon", c’est ce que j’ai cru. Mais dès le deuxième morceau, "I Fall Down", Lisa Kekaula déploie sa voix, et tout change : le groupe est propulsé. Comme Barney Greenway de Napalm Death, on se demande s’ils ne sont pas quinze en coulisses pour doubler cette voix si large, épaisse et au grain irrésistible. L’effet est saisissant. Leur improbable mélange de punk-garage-soul prend forme, monte en intensité, et la température ne cesse de grimper tout au long du set.
« It’s a rock show », répète Lisa Kekaula, prenant également le temps de rappeler l’importance de les soutenir en achetant leur merchandising, tant l’industrie de la musique a drastiquement changé depuis leurs débuts, rendant leur métier plus difficile que jamais. Sa voix n’a rien de plaintif, elle est grave, factuelle. On sent que le groupe ne voyage pas dans un tourbus luxueux à sept étages, ce que confirme l’absence de roadies. Quand Bob Vennum, guitariste et cofondateur, rencontre un problème technique, c’est Lisa qui quitte la scène pour ramener ce qu’il faut, et ce, sans que le show soit interrompu une seule seconde.
Quand elle ne chante pas, son regard change. Elle semble fatiguée, peut-être à cause des innombrables kilomètres parcourus depuis la naissance du groupe au début des années 90, et du mal de tête provoqué par le plafond de verre des salles de 500 places (je ne les ai jamais vus jouer dans des lieux plus grands).
Le line-up actuel est excellent, avec un batteur qui se passe volontiers du clic pour rester à l’écoute du moment et accélérer le tempo quand il le faut, jouant volontiers avec le public. Le jeune bassiste, toujours enthousiaste, s’amuse comme un ado dans sa chambre qui écoute ses idoles, sauf que maintenant, il est sur scène avec elles.
En 1 heure et 15 minutes de show, le groupe prouve qu’il est plus que solide en parsemant son set de titres forts comme "One More Night", "Voodoo Train", "Hard Drive" et le tubesque "Black Lightning". Lisa Kekaula reste le centre de tous les regards. On reçoit en pleine face cet hybride entre Ella Fitzgerald et Tina Turner, qui arpente la scène, descend dans la fosse et harangue le public sans relâche. Le public est captivé : quand Lisa parle, on écoute, et quand elle chante, on chavire (au Bateau Ivre).
« It’s a rock show » a été répété des dizaines de fois ce soir-là, non pas comme un gimmick, mais comme une vérité, celle qu’on aimerait voir plus souvent dans les clubs.
Créée
le 8 nov. 2024
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