Helen Merrill par Lawliet
Bon album de jazz vocal. La voix d'Helen Merrill est envoûtante et sensuelle. Elle sait la moduler à la perfection d'une chanson à l'autre, évitant le principal écueil du genre : l'impression d'une série de standards uniformes, qui sonnent plus comme une longue chanson que comme une série de pistes. Dans sa critique de l'album sur rateyourmusic, TopMelodic parle d'elle comme d'une "tragédienne sophistiquée" : je suis tout à fait d'accord. Sa version de "You'd Be So Nice to Come Home to", en particulier, est d'un érotisme hallucinant. Ce qui rend en outre cet album indispensable, c'est la présence du virtuose Clifford Brown à la trompette. Il accompagne avec talent la voix de Merrill, sans la fadeur des musiciens relégués habituellement dans les big band et les orchestres, et sans l'orgueil dont un homme de son talent aurait pu faire preuve. Car là est sans doute le génie de Brown : jamais il ne cède à la tentation de faire sien l'album d'une autre. Il se contente d'être, pour reprendre la métaphore kantienne, la "sertissure du joyau."