Les oreilles dans les étoiles, des étoiles dans les oreilles

En attendant la prochaine navette pour Bételgeuse via Orion et les Perséides, j'ai Helios/Erebus, le dernier album de God Is an Astronaut, dans les oreilles. Via les systèmes haptiques de ma combinaison, je peux sentir les vents solaires d'étoiles inaccessibles, les rayonnements gamma de quasars invisibles; pour un peu, je pourrais presque goûter l'herbe de l'Irlande, terre natale de ces fleurons du post-rock.


Bon, en vrai, j'attends le tram pour rentrer chez moi et c'est la bête bise genevoise qui gonfle mon gilet, mais ce n'est pas très important: avec la musique de God Is an Astronaut, les étoiles ne sont jamais très lointaines. Une fois encore, avec cet album, le groupe parvient à une forme d'équilibre entre post-rock atmosphérique et montées en puissance jusqu'à l'apothéose.


J'admets volontiers ne pas être très rationnel en ce qui concerne ce groupe, surtout après leur tonitruant concert de ce printemps. Et, objectivement, les huit titres de ce nouvel album semblent globalement un ton en dessous de leur précédent disque, Origins. Seulement, avec God Is an Astronaut, "un ton en dessous" signifie "vachement bien" quand même.


Avec des pistes d'une durée entre quatre et huit minutes, Helios/Erebus ne dure que quarante-cinq minutes environ; faute de quantité, on a la qualité et même la densité. Le post-rock solaire et stellaire de God Is an Astronaut est souvent d'une densité impressionnante, avec une alchimie constante entre la puissance de guitares et de la rythmique et l'aérien des synthés – et de l'ingrédient secret du groupe, les voix remaniées.


Je recommande particulièrement l'écoute de "Agneya", emblématique du style du groupe, ou la montée en puissance de "Vetus Memoria". Quant au morceau-titre, très calme et très atmosphérique, c'est un exemple typique de cet instrument-voix dont je parlais – et qui se conclut également avec une apothéose impressionnante.


On pourrait reprocher au groupe de jouer sur un registre connu et c'est vrai que ce nouvel album ne diffère que peu de leurs précédents. Mais, dit autrement, God Is an Astronaut a un son qui lui est propre et c'est pour cela que c'est un groupe exceptionnel.


Helios/Erebus est disponible à l'écoute et au téléchargement sur Bandcamp, comme toute la discographie de God Is an Astronaut, d'ailleurs. Vous n'avez donc aucune excuse pour embarquer sur ce voilier solaire musical en voguer avec lui vers les galaxies les plus lointaines.

SGallay
8
Écrit par

Créée

le 10 août 2015

Critique lue 262 fois

3 j'aime

Critique lue 262 fois

3

Du même critique

Sunstone, tome 1
SGallay
8

Je n'aime pas le BDSM, mais...

Vous vous souvenez de la série « je n’aime pas N, mais… »? Eh bien Sunstone, bande dessinée signée Stjepan Šejić, en est une nouvelle illustration, avec en N le BDSM. Principalement parce que...

le 25 avr. 2015

12 j'aime

Rituals
SGallay
8

On ne Satan pas à tant de mélodie

Parmi les groupes que j'évite de mentionner au bureau (note: je bosse pour une organisation chrétienne), Rotting Christ, dont le nouvel album, Rituals, vient de sortir, figure en assez bonne place...

le 19 mars 2016

10 j'aime